La Catalogne promet la désobéissance civile face à l'article 155

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La catalogne promet la desobeissance civile face a l'article 155[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

par Julien Toyer et Paul Day

MADRID (Reuters) - Les dirigeants et les partis politiques de Catalogne appelaient lundi à la désobéissance civile afin de déjouer les préparatifs de Madrid pour administrer directement la Généralité, ce qui pourrait advenir via la nomination d'un représentant unique.

Le Sénat espagnol doit se réunir vendredi pour voter l'application de l'article 155 de la Constitution espagnole, qui permettrait au pouvoir central d'instaurer une gestion directe de la Catalogne. Le président de la Généralité, Carles Puigdemont, envisage de se présenter au Sénat à Madrid afin de plaider sa cause.

Mais les dirigeants de la campagne en faveur d'une sécession estiment que le référendum tenu le 1er octobre leur donne mandat pour proclamer l'indépendance vis-à-vis du reste de l'Espagne.

"Ce n'est pas que nous refuserons d'obéir (aux ordres). Ce n'est pas une décision personnelle. C'est la décision de sept millions de personnes", a déclaré lundi à la BBC-radio Raul Romeva, chargé des Affaires étrangères au sein de l'exécutif régional.

A la question de savoir si les institutions catalanes, dont la police, obéiraient à l'exécutif catalan plutôt qu'au gouvernement de Madrid, il a été clair.

"Je ne doute pas que l'ensemble des fonctionnaires de Catalogne continueront de suivre les instructions données par les institutions élues et légitimes qui sont en place actuellement (en Catalogne)", a-t-il répondu.

Plusieurs centaines de municipalités catalanes se sont déclarées hostiles à une administration directe de la région par Madrid et ont demandé au parlement de la Généralité d'adopter une motion la rejetant.

La désobéissance civile est soutenue aussi par le parti d'extrême gauche CUP, soutien clé du gouvernement minoritaire indépendantiste catalan au parlement régional, qui voit dans les décisions de Madrid une agression contre l'ensemble des Catalans.

"Une agression qui se heurtera à une désobéissance civile massive", a estimé le CUP.

REUNION DU PARLEMENT REGIONAL JEUDI MATIN

Certains pans du monde enseignant et des pompiers ont déclaré qu'ils ne reconnaîtraient pas l'autorité de Madrid.

"Nous ne reconnaîtrons pas comme interlocuteurs valables des personnes qui ne sont pas les représentants de la légitimité populaire", a déclaré le syndicat enseignant USTEC.

"Nous serons où nous devons être en ce moment: au côté des institutions catalanes et de la démocratie, qui lutte pour sa survie", a ajouté ce syndicat.

Le Parlement catalan se réunira jeudi matin en séance plénière, a déclaré lundi un porte-parole de la coalition indépendantiste "Ensemble pour le oui", pour présenter sa réponse au gouvernement de Madrid après la décision de ce dernier d'assurer en direct la gestion de la région.

La coalition indépendantiste a l'intention d'intenter un recours contre l'application de l'article 155.

Une fois l'article 155 voté par le Sénat, un représentant unique pourrait être temporairement nommé par Madrid pour gouverner la région, a déclaré la vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, qui était interrogée par une station de radio.

A en croire le ministre espagnol des Affaires étrangères Alfonso Dastis, le gouvernement central ne prévoit pas de procéder à des arrestations.

Quatre mille policiers espagnols qui avaient été envoyés en Catalogne pour le référendum du 1er octobre se trouvent toujours dans la région, en plus des 5.000 membres de la police nationale qui y sont d'ordinaire basés.

Pour Raul Romeva, seul le peuple catalan a le droit de changer les institutions régionales et l'Union européenne perdra sa crédibilité si elle laisse le gouvernement central gérer directement la Catalogne.

"Comment l'Union européenne pourrait-elle vivre avec cette situation si elle se produisait ?", a déclaré Raul Romeva qui était interrogé sur la façon dont le gouvernement régional de Catalogne comptait s'y prendre pour empêcher le gouvernement espagnol d'instaurer une gestion directe.

"Comment peut-elle être crédible si elle laisse ceci se produire ? Parce que, ce que je peux vous dire, c'est que le peuple et les institutions en Catalogne ne laisseront pas ceci (....) se produire", a-t-il ajouté.

(Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)