Novartis augmente ses profits au 3e trimestre, décision sur Alcon en 2019

reuters.com  |   |  754  mots

par John Miller

ZURICH (Reuters) - Novartis se rapproche d'une décision sur une scission de sa filiale spécialisée dans les traitements oculaires, Alcon, achetée à Nestlé pour 50 milliards de dollars en 2010, mais le groupe pharmaceutique suisse veut lui laisser le temps de confirmer son redressement avant de sauter le pas.

Des ventes d'Alcon, en hausse de 7% au troisième trimestre, ont contribué à la progression de 2% du chiffre d'affaires du groupe à 12,4 milliards de dollars (10,55 milliards d'euros), un chiffre supérieur au consensus des analystes interrogés par Reuters qui le voyaient à 12,2 milliards de dollars.

Le directeur général de Novartis, Joe Jimenez, souhaite désormais que le redressement des ventes d'Alcon se poursuive avant d'enclencher la scission d'une filiale dont il a laissé entendre qu'elle pourrait être valorisée entre 25 et 35 milliards de dollars.

Alcon pourrait être cédée sans les traitements oculaires sur ordonnance que Novartis entend conserver et qu'il a rattaché l'an denrier à sa principale division consacrée aux médicaments.

"Ce que nous envisagerions à l'heure actuelle, c'est une cotation distincte", a dit Joe Jimenez qui cèdera son fauteuil de DG à Vas Narasimhan le 1er février prochain.

"Une entreprise autonome avec une cotation séparée et ces actions iront à nos actionnaires actuels", a-t-il ajouté lors d'une téléconférence avec des journalistes, précisant que l'opération pourrait intervenir au premier semestre 2019.

Joe Jimenez a dit que Novartis continuait d'examiner quelles seraient les localisations les plus appropriées pour une IPO d'Alcon et que les réformes fiscales annoncées aux Etats-Unis seraient prises en compte dans la décision.

Novartis avait remplacé les dirigeants d'Alcon en 2016 et relancé les investissements pour mettre un terme au déclin persistant des ventes attribué à un manque d'innovation et à un service à la clientèle défaillant.

L'effort d'investissement notamment en marketing et recrutement dans les équipes de service à la clientèle ont continué de peser au troisième trimestre, Alcon enregistrant une perte opérationnelle de 50 millions de dollars.

Vers 09h25 GMT, l'action Novartis cède 2% à la Bourse de Zurich, un recul attribué par des analystes à la déception des investisseurs sur le calendrier envisagé pour l'IPO d'Alcon dont ils espéraient qu'elle interviendrait dès l'année prochaine.

"Le calendrier de la scission/IPO peut décevoir certains investisseurs qui l'espéraient en 2018", écrivent les analystes de Deutsche Bank dans une note.

LA CROISSANCE AU RENDEZ-VIUS EN 2018

Novartis a fait état d'un bénéfice net courant de 3,02 milliards de dollars sur la période juillet-septembre, contre un chiffre de 2,93 milliards attendu en moyenne par les analystes interrogés par Reuters.

Le groupe a confirmé ses objectifs pour l'ensemble de l'année, notamment celle d'un bénéfice opérationnel courant "globalement aligné sur l'exercice précédent ou en recul à un taux bas à un chiffre" et promis un retour à la croissance en 2018.

Novartis a été pénalisé par la baisse des revenus tirés de son traitement du cancer du sang Gleevec, à l'origine de ses meilleures ventes avant que son brevet ne tombe dans le domaine public, ouvrant la voie à la concurrence de génériques. Ses ventes au troisième trimestre ont plongé de près de moitié à 445 millions de dollars.

"Nous pensons que l'entreprise est en bonne voie pour sortir avec succès d'une année 2017 de transition avant de renouer avec la croissance en 2018", a dit Bruno Bulic, analyste chez Baader Helvea, qui est à l'achat sur le titre.

Les ventes du traitement contre le psioriasis Cosentryx et du médicament contre l'insuffisance cardiaque Entresto, sur lesquels Novartis compte pour relancer sa croissance, ont connu des évolutions contrastées.

Les premières ont atteint 556 millions de dollars sur la période, dépassant les attentes des analystes, mais les secondes ont déçu bien qu'ayant doublé à 128 millions de dollars.

L'objectif d'un chiffre de 500 millions de dollars pour Entresto en 2017 va nécessiter d'accélérer la cadence, a prévenu Joe Jimenez qui s'est à nouveau dit convaincu que le traitement avait un potentiel de ventes de 5 milliards de dollars par an à terme.

"Ce ne va pas être une trajectoire de fusée comme celle du Cosentryx mais se sera un solide pourvoyeur de croissance et un contributeur à la prochaine phase d'expansion de l'entreprise", a dit le directeur général.

Il a ajouté qu'il continuait de s'attendre à une poursuite de la pression sur les prix des génériques aux Etats-Unis.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)