Apple salué par Amnesty pour la traçabilité de l'origine de son cobalt

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Apple salue par amnesty pour la tracabilite de l'origine de son cobalt[reuters.com]
(Crédits : Dado Ruvic)

par Eric Onstad

LONDRES (Reuters) - Apple est salué par un rapport d'Amnesty International pour le traçage effectué par le géant informatique pour s'assurer que le cobalt utilisé dans ses produits n'a pas été extrait par des enfants en République démocratique du Congo (RDC).

Selon le rapport publié mercredi par l'ONG internationale, le fabricant d'iPhone et d'iPod montre la voie dans ce domaine tandis que Microsoft est à la traîne.

Microsoft a dit ne pas être d'accord avec les conclusions du rapport d'Amnesty International.

La RDC est de loin le plus grand producteur de cobalt, le pays représentant plus de la moitié des livraisons mondiales de ce métal, composant indispensable des batteries au lithium-ion.

Selon Amnesty, environ un cinquième de la production de cobalt de la RDC provient du travail à la main de mineurs en situation précaire, dont des enfants, et ce souvent dans des conditions dangereuses.

Le cobalt est devenu très prisé ces derniers mois, ce qui explique la récente envolée de 85% de son cours, du fait de la prévision de la hausse de la demande de batteries pour des véhicules électriques.

"Les sociétés ont la responsabilité de prouver qu'elles ne profitent pas de la misère de miniers qui travaillent dans des conditions déplorables en RDC", a souligné dans un communiqué Seema Joshi, représentante d'Amnesty International.

Depuis que l'ONG a publié un rapport pour avertir des dangers de non-respect des droits de l'homme en lien avec la production de cobalt au Congo en janvier 2016, Amnesty International a dressé la liste de 29 sociétés sur la manière dont elles tracent la provenance de leur cobalt.

"Apple est devenue la première société à publier les noms de ses fournisseurs de cobalt, tandis que d'autres marques électroniques n'ont, de manière inquiétante, fait que trop peu de progrès", ajoute le communiqué.

RENAULT ÉGALEMENT POINTÉ DU DOIGT

Microsoft fait partie des 26 sociétés qui n'ont pas donné de précisions sur leurs fournisseurs, ajoute l'ONG.

En réponse, Microsoft a fait savoir via une lettre avoir une démarche globale auprès de ses fournisseurs et sur place pour lutter contre les causes économiques et sociales du travail des enfants.

"Malgré les allégations d'Amnesty International, Microsoft a réalisé des progrès significatifs sur ce problème important", estime le géant des logiciels dans cette lettre.

Selon le rapport d'Amnesty, le plus gros acheteur de minerai auprès de mineurs de petite taille était l'an dernier Congo Dongfang Mining International, une filiale exclusive du géant chinois Zhejiang Huayou Colbalt Ltd.

Depuis la publication de ce rapport l'année dernière, Huayou Cobalt a pris "un nombre de mesures" en conformité avec les normes internationales mais "des carences dans l'information subsistent", note Amnesty International.

Selon le rapport de l'ONG, ses chercheurs ont encore trouvé en mars dernier des adultes et des enfants travaillant dans des conditions dangereuses sur des mines.

La compagnie Huayou, dans une lettre à Amnesty, affirme que le travail des enfants était une situation délicate causée par la pauvreté et a ajouté se pencher sur différentes initiatives comme la construction d'écoles et l'aide aux petites entreprises via les micro-crédits.

Des prévisions suggèrent que la demande de cobalt va doubler dans les dix prochaines années du fait de son utilisation dans les batteries des voitures électriques.

Amnesty International note dans son rapport que BMW est le constructeur automobile à avoir fait le plus de progrès concernant le cobalt utilisé, tandis que Renault "a des résultats particulièrement mauvais".

Le constructeur français a annoncé avoir mis en place un groupe de travail avec ses fournisseurs qui ont déjà partagé leurs systèmes de contrôles, leurs règles d'approvisionnement et les détails des audits réalisés.

Renault a aussi rejoint la commission dite Initiative matières premières responsables qui devrait mener ses premiers audits d'ici la fin de l'année, a précisé la firme française.

(Jean Terzian pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)