Ryad monnaie la libération des personnes arrêtées pour corruption

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(Crédits : Faisal Nasser)

(Reuters) - Les autorités saoudiennes concluent des accords avec certains individus arrêtés lors d'une vaste opération anti-corruption au début du mois, leur demandant de remettre des avoirs et de l'argent en échange de leur libération, rapportent des sources au fait du dossier.

Des dizaines de princes, hauts responsables et hommes d'affaires saoudiens, dont plusieurs ministres en exercice, ont été interpellés début novembre à la demande d'un nouvel organe de lutte contre la corruption. L'opération est également considérée comme un moyen pour le prince héritier Mohamed ben Salman de consolider son pouvoir.

Un homme d'affaires ayant signé un accord avec les autorités s'est ainsi vu retirer plusieurs dizaines de millions de rials de son compte bancaire.

Un ancien haut responsable a consenti à céder la propriété de titres pour un montant de quatre milliards de rials (900 millions d'euros).

Après avoir gelé les comptes bancaires des individus visés, le gouvernement saoudien a donné cette semaine des instructions visant à exproprier ou saisir les avoirs des personnes mises en cause, selon une des sources interrogées.

Ryad n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat et les sources ont souhaité rester anonymes en raison du caractère confidentiel de ces accords.

Reuters n'a pas pu vérifier une information du Financial Times selon lequel dans certains cas, le gouvernement cherche à s'approprier jusqu'à 70% du patrimoine des suspects.

D'après une autre source, les autorités considéreront que les personnes disposées à restituer leurs "gains mal acquis" auront fini de purger leur peine à l'hôtel Ritz Carlton, où elles sont détenues.

Les autorités saoudiennes bénéficient de l'aide d'experts internationaux, d'enquêteurs et de personnes habituées à retracer l'origine d'actifs.

Elles ont interrogé 208 personnes dans le cadre de leur enquête anti-corruption et évaluent le préjudice de cette corruption à une centaine de milliards de dollars (85 milliards d'euros environ), a déclaré la semaine dernière un responsable saoudien.

Parmi les personnes arrêtées figurent notamment le prince et milliardaire Alwalid ben Talal, président de la société d'investissements Kingdom Holding, ou l'homme d'affaires Mohammad al Amoudi, dont la fortune est estimée par Forbes à 10,4 milliards de dollars.

(Samia Nakhoul, Katie Paul; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)