Wall Street piétine en attendant des baisses d'impôts

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Wall street termine en baisse[reuters.com]
(Crédits : Brendan Mcdermid)

par Lewis Krauskopf

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini vendredi par une séance de baisse une semaine volatile, marquée par les incertitudes entourant le projet de réforme fiscale aux Etats-Unis et des prises de bénéfices au terme d'une saison des résultats ayant globalement convaincu les investisseurs de la pertinence des valorisations actuellement élevées.

L'indice Dow Jones a perdu 100,12 points (-0,43%), à 23.358,24. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a cédé 6,79 points, soit 0,26%, à 2.578,85. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a pour sa part fini en recul de 10,5 points (-0,15%) à 6.782,79.

Sur la semaine, le Dow a abandonné 0,27% et le S&P-500 0,13%, soit une deuxième semaine consécutive de baisse pour ces deux indices, tandis que le Nasdaq a gagné 0,47%.

"Nous avons assisté à une hausse correcte des actions récemment et ce ne sont que quelques jours de remous", pense Massud Ghaussy (Nasdaq Advisory Services).

Wall Street a volé de records en records depuis le début de l'année, encouragée notamment par les promesses de baisses d'impôts massives du nouveau président américain Donald Trump.

Les républicains, majoritaires dans les deux chambres du Congrès, se sont emparés du sujet mais représentants et sénateurs avancent encore pour l'instant deux projets différents de réforme fiscale. Si la Chambre des représentants a adopté jeudi son propre texte, le Sénat n'a pas encore voté le sien alors que les républicains y disposent d'une majorité plus courte et apparemment moins unie sur le sujet.

Les économistes interrogés par Reuters ne croient pas à une grande réforme fiscale d'ici la fin de l'année aux Etats-Unis et ils doutent même qu'elle stimule vraiment l'économie.

"Je pense qu'il y a la crainte que (les républicains) ne soient pas en mesure de réunir suffisamment de soutien pour pouvoir déposer sur le bureau du président quelque chose de vraiment substantiel à promulguer", dit Jake Dollarhide, directeur général de Longbow Asset Management.

"La semaine a débuté avec beaucoup d'optimisme sur la réforme fiscale et je pense que nous avons un peu la gueule de bois à la fin de la semaine", ajoute-t-il.

FOOT LOCKER S'ENVOLE

Le Dow Jones a aussi souffert vendredi du repli de 2,16% de Wal-Mart sur des prises de bénéfices au lendemain du bond de plus de 10% du titre après les résultats trimestriels publiés par le géant américain de la distribution.

Foot Locker s'est envolé de 28,16%, de loin la plus forte hausse du S&P-500, alors qu'il avait auparavant chuté d'environ 55% depuis le début de l'année. Le distributeur de vêtements et de chaussures de sport a ravi les investisseurs avec ses résultats trimestriels meilleurs que prévu et la maîtrise de ses stocks, tout en n'excluant pas de faire légèrement mieux que ses prévisions sur l'ensemble de l'année.

Mêmes causes et presque mêmes effets pour le groupe de prêt-à-porter Gap, qui a gagné 6,99% après ses résultats trimestriels meilleurs que prévu et le relèvement de ses prévisions annuelles.

Le groupe de télévision et de cinéma Twenty-First Century Fox a profité des rumeurs circulant sur les convoitises que certains de ses actifs suscitent pour gagner 6,24%. Après Disney (-0,15%), le câblo-opérateur Comcast (-2,46%) et l'opérateur télécoms Verizon (+1,45%) pourraient être intéressés par certains actifs importants de Fox, ont rapporté des sources jeudi.

L'agitation autour du groupe de Rupert Murdoch a atteint Viacom (+10,38%), qui semble être aussi perçu comme une cible potentielle dans ce secteur.

Environ 6,3 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains, ce qui est inférieur à la moyenne de 6,8 milliards sur les 20 séances précédentes.

Sur le marché obligataire, la probabilité jugée élevée d'une nouvelle hausse de taux de la part de la Réserve fédérale en décembre continue de contribuer à l'aplatissement de la courbe des taux aux Etats-Unis.

Le rendement à deux ans des emprunts du Trésor a touché un pic de neuf ans pour une huitième journée consécutive à 1,73% tandis que son équivalent à 10 ans a reculé à 2,35%. En conséquence, l'écart entre ces deux rendements n'a jamais été aussi faible depuis novembre 2007.

Le dollar, pour sa part, semble pâtir des incertitudes sur la réforme fiscale et ses conséquences éventuelles sur la croissance américaine. Le billet vert a cédé 0,2% face à l'euro, remonté près de 1,18 dollar, et 0,28% face à un panier de devises de référence.

L'euro a pris plus de 1% face au dollar sur l'ensemble de la semaine, sa plus forte progression hebdomadaire depuis début septembre.

Les cours du pétrole ont progressé de plus de 2%, ce qui ne les a pas empêchés de subir un repli hebdomadaire après cinq semaines consécutives de hausse.

(Avec Sruthi Shankar à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)