Duel gauche-droite au 2e tour de la présidentielle chilienne

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Duel gauche-droite au 2e tour de la presidentielle chilienne[reuters.com]
(Crédits : Carlos Garcia Rawlins)

par Felipe Iturrieta et Dave Sherwood

SANTIAGO (Reuters) - Le candidat conservateur Sebastian Piñera affrontera le sénateur de centre-gauche Alejandro Guillier au deuxième tour de l'élection présidentielle au Chili le mois prochain, après être arrivé dimanche largement en tête du premier tour avec plus de 36% des voix, a annoncé la commission électorale.

Alors que plus de 80% des bulletins avaient été dépouillés, elle a annoncé que Sebastian Piñera, qui a dirigé le pays de 2010 à 2014, a recueilli 36,67% des voix tandis que son premier adversaire, Alejandro Guillier, en a obtenu 22,64%.

Beatriz Sanchez, candidate de la gauche antilibérale est créditée de deux points de moins, mais son score s'avère bien plus élevé qu'attendu et pourrait permettre à son mouvement d'entrer au Congrès.

Piñera, âgé de 67 ans et homme d'affaires richissime, a promis une politique favorable aux investisseurs afin d'accélérer la croissance tandis que Guillier, 64 ans, veut poursuivre les réformes engagées par la présidente sortante, Michelle Bachelet, en faveur de la santé, de l'éducation et des retraites notamment.

Le second tour, prévu le 17 décembre prochain, s'annonce plus ouvert qu'attendu, Piñera ayant recueilli considérablement moins de voix que ne le prédisaient les sondages. L'un des derniers d'entre eux le créditait ainsi de 42%.

DEUXIEME TOUR OUVERT

"Nous allons avoir un deuxième tour très disputé", a admis le chef de campagne de Piñera, Andres Chadwick.

Guillier pourrait bénéficier d'un soutien plus important s'il parvient à rallier ses rivaux de gauche. Il pourra faire valoir le soutien de Michelle Bachelet qui ne pouvait se présenter à sa propre succession, le nombre de mandat étant limité à deux au Chili.

"Nous allons aujourd'hui prendre une décision qui aura un impact sur nos vies pour de nombreuses décennies", déclarait Piñera dimanche matin après s'être présenté aux urnes.

"Je sais que nous allons choisir la bonne voie, celle qui nous emmène vers de meilleurs moments", a ajouté l'ancien chef de l'Etat.

Piñera a fait le voeu de doubler le taux de croissance du Chili avec, parmi ses propositions, la réduction de l'impôt sur les sociétés et davantage d'autonomie pour la société minière Codelco, propriété de l'Etat.

Il devra toutefois apaiser les craintes de ceux qui redoutent que les mesures prises en faveur des étudiants, des femmes et des travailleurs soit remises en question par sa présidence.

INEGALITÉS

Le gouvernement Bachelet avait notamment élargi l'accès à l'éducation gratuite et renforcé les organisations syndicales.

Les Chiliens votaient en outre pour désigner les membres de la chambre basse et la moitié des sièges au Sénat. Les résultats sont attendus lundi.

S'il venait à remporter la présidentielle, Guillier a promis qu'il s'attaquerait aux vastes inégalités qui prévalent encore au Chili, favoriserait l'accès à des études supérieures gratuites et inscrirait les droits des travailleurs dans une constitution.

Guillier souhaite également que le Chili diversifie ses activités pour réduire sa dépendance au cuivre, métal dont il est le premier producteur mondial.

Depuis la fin de la dictature, en 1990, le Chili s'est affirmé comme l'un des pays les plus développés de la région, mais la dette publique s'est accrue à mesure que les prix du cuivre sont diminué.

La présidente sortante Michelle Bachelet a été critiquée pour son incapacité à attirer des investisseurs et à donner la priorité à la croissance économique, qui a ralenti à une moyenne annuelle de 1,8%.

Pour la première fois depuis les années 1990, les agences de notation financière Fitch et S&P ont abaissé cette année la note de la dette souveraine chilienne Chili.

(Felipe Iturrieta et Dave Sherwood; Nicolas Delame et Jean Terzian pour le service français)