Le sort de Robert Mugabe scellé sous peu au Zimbabwe

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Le sort de robert mugabe a la tete du zimbabwe noue sous peu[reuters.com]
(Crédits : Philimon Bulawayo)

par James Macharia et Joe Brock

HARARE (Reuters) - Une procédure de destitution devrait être entamée mardi à l'encontre de Robert Mugabe, dont la présence pendant près de quarante à la tête du Zimbabwe devrait s'achever dans l'indignité.

Le délai qui lui avait été fixé pour démissionner a expiré lundi à midi (10h00 GMT) sans que le doyen des chefs d'Etat ait fait de nouvelle déclaration publique quant à son avenir.

La Zanu-PF, le parti au pouvoir, qui a réuni ses instances dans l'après-midi, lui a notifié son limogeage de la présidence du parti, qu'il assurait depuis 1977. Elle prévoit de déposer mardi une motion en vue d'entamer une procédure de destitution.

Le projet de motion présente Robert Mugabe comme une "source d'instabilité", l'accuse de ne pas respecter l'Etat de droit et lui impute la responsabilité de "la chute sans précédent de l'économie" au cours des quinze dernières années.

Héros de la lutte anticoloniale, le président âgé de 93 ans, est au pouvoir depuis l'indépendance, acquise en 1980. L'armée, qui est intervenue mercredi, l'a placé en résidence surveillée, tout comme son épouse Grace. Dimanche, il a rencontré une nouvelle fois les membres de l'état-major et de la police, qui ne sont manifestement pas parvenus à le convaincre de céder le pouvoir.

PROCÉDURE ACCÉLÉRÉ

Il doit s'entretenir prochainement avec l'ancien vice-président Emmerson Mnangagwa, pressenti pour assurer l'intérim, selon le général Constantino Chiwenga, chef de l'état-major. C'est le limogeage de Mnangagwa, le 6 novembre, qui a décidé l'armée à intervenir. Les militaires craignaient de voir Grace Mugabe, qui est honnie par la hiérarchie militaire, succéder à son mari.

La procédure de destitution par la voie parlementaire est, sur le papier, longue et quelque peu bureaucratique. Toutefois, disent des experts de droit constitutionnel, la Zanu-PF semble disposer d'appuis suffisants pour l'accélérer et la boucler dans un délai de 24 heures.

D'après la chaîne de télévision CNN, qui cite une source au fait des tractations, Robert Mugabe a accepté les conditions de son éviction et sa lettre de démission est déjà rédigée. Le président et son épouse de 52 ans auraient obtenu une immunité complète, ajoute CNN.

Selon deux sources politiques haut placées, Robert Mugabe a bien accepté de démissionner, dimanche, mais la Zanu-PF ne voulait pas qu'il l'annonce devant les militaires, car cela aurait fait passer l'intervention de l'armée, la semaine dernière, pour un coup d'Etat.

(avec MacDonald Dzirutwe à Harare et la rédaction de Johannesburg, Tangi Salaün, Eric Faye, Gilles Trequesser et Jean-Philippe Lefief pour le service français)