Renforcer la zone euro sans attendre les réformes françaises, déclare Villeroy

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PARIS (Reuters) - La zone euro ne peut se permettre d'attendre que les réformes mises en oeuvre en France portent leurs fruits pour pousser les feux de son intégration, a déclaré le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau.

Depuis son élection, Emmanuel Macron défend la nécessité de réformes ambitieuses de l'Union européenne mais certaines de ses propositions, comme celle de doter la zone euro d'un budget spécifique, ont été accueillies avec prudence en Allemagne et dans d'autres pays d'Europe du Nord.

Dans une interview à paraître mardi dans le quotidien néerlandais De Telegraaf, François Villeroy de Galhau, estime que la période actuelle de croissance offre une "opportunité historique" de renforcer l'unité européenne et s'emploie parallèlement à rassurer sur la volonté de la France de réformer son économie.

"Réformer, c'est précisément ce que la France entreprend aujourd'hui. Ce n'était pas le cas auparavant", dit-il, ajoutant : "Il serait dangereux d'attendre deux ou trois ans pour en voir les résultats. L'opportunité et la dynamique actuelle auraient disparu et le risque serait d'avoir à affronter la prochaine récession sans avoir renforcé la zone euro."

"Il n'y a pas encore d'union économique. Si une récession nous frappe à nouveau, nous les Européens, et que le pilier économique de l'Union n'a pas été renforcé, nous dépendrons trop du pilier monétaire", a encore dit François Villeroy de Galhau, qui est membre du conseil des gouverneurs de la Banque de France.

Il réitère dans l'interview ses positions sur les réformes européennes à mener, à savoir la mise en place d'une union pour le financement de l'investissement et de l'innovation, ce qui suppose de parachever l'union bancaire, et une coordination plus étroite des politiques économiques.

Il estime qu'un futur budget de la zone euro, loin d'organiser des transferts entre pays, devrait servir à financer des biens communs comme la défense, l'aide aux réfugiés et la lutte contre le changement climatique.

"Le dernier accélérateur serait un ministre des Finances et un parlement de la zone euro. Mais ne discutons pas des institutions avant d'avoir progresser sur la substance", indique-t-il.

(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)