Le Hezbollah nie tout transfert d'armement au Yémen

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Le hezbollah nie tout transfert d'armement au yemen[reuters.com]
(Crédits : Jamal Saidi)

par Ellen Francis et Laila Bassam

BEYROUTH (Reuters) - Le Hezbollah libanais n'a jamais livré d'armes au Yémen et n'a aucune responsabilité dans le tir du missile intercepté début novembre dans le ciel de Ryad, a assuré lundi son chef de file dans une allocution télévisée.

Hassan Nasrallah a en outre évoqué l'existence de liens entre l'Arabie saoudite et Israël, ennemi numéro un du mouvement chiite pro-iranien.

Yuval Steinitz, ministre israélien de l'Energie, avait révélé la veille l'existence de contacts secrets entre Jérusalem et Ryad concernant l'Iran et le général Gadi Eizenkot, chef d'Etat-major de Tsahal, a annoncé que l'Etat hébreu était prêt à partager des renseignements avec l'Arabie saoudite pour contenir l'influence croissante de Téhéran dans la région.

Hassan Nasrallah a par ailleurs jugé "insignifiantes et ridicules" les déclarations de la Ligue arabe, qui a taxé le Hezbollah de terrorisme lors d'une réunion extraordinaire organisée dimanche au Caire et s'est indigné de son silence face aux actes meurtriers commis selon lui au Yémen par les membres de la coalition sous commandement saoudien.

"Je le leur confirme : (...) nous n'avons envoyé aucune arme au Yémen", ni à Bahreïn, au Koweït ou en Irak, a-t-il assuré. Le Hezbollah, a poursuivi Nasrallah, en a en revanche transférées dans les territoires palestiniens. "J'en suis fier. Et, en Syrie, il y a les armes avec lesquelles nous combattons", a-t-il souligné, évoquant l'intervention du mouvement aux côtés des forces fidèles à Bachar al Assad.

LE HEZBOLLAH PRÊT AU DIALOGUE

Les tensions entre l'Arabie sunnite et l'Iran chiite, qui s'affrontent indirectement en Syrie, au Yémen, en Irak et à Bahreïn, se sont considérablement aggravées ces derniers mois et le tir de missile du 4 novembre, que Ryad a imputé au Hezbollah, les a encore exacerbées.

"Je le dément catégoriquement. Aucun homme du Hezbollah n'a été impliqué dans le tir de ce missile ni d'aucun autre auparavant", a affirmé Nasrallah.

L'épicentre de la crise saoudo-iranienne s'est brusquement déplacé au Liban avec la démission surprise du Premier ministre Saad Hariri, qu'il a annoncée le 4 novembre à Ryad en disant craindre pour sa vie et en reprochant à l'Iran de semer la discorde dans le monde arabe.

Le président libanais Michel Aoun, qui soupçonnait le royaume wahhabite de le retenir, attend son retour pour accepter ou non cette démission. Hariri se trouve actuellement à Paris, où il a été reçu ce week-end par Emmanuel Macron. Il doit regagner Beyrouth mercredi après un passage par le Caire, la veille.

"Nous attendons tous le retour du Premier ministre, que nous considérons toujours comme tel. Quand il rentrera, nous verrons. Nous sommes prêts à participer à tout les dialogues et à toutes les discussions qui pourraient avoir lieu dans le pays", assuré Nasrallah dans son allocution.

Le Hezbollah siège dans le gouvernement d'union formé l'an dernier par Hariri, dans le cadre d'un accord de partage du pouvoir qui a permis à Michel Aoun, proche du mouvement chiite, de prendre la présidence.

(Jean-Philippe Lefief pour le service français)