Le Liban fête mercredi sa fragile indépendance et le retour d'Hariri

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(Crédits : Aziz Taher)

par Ayat Basma et Imad Creidi

BEYROUTH (Reuters) - Le Liban célèbre mercredi son indépendance à l'occasion de sa fête nationale, à un moment où sa souveraineté est plus compromise que jamais par les pays étrangers qui ont façonné son histoire depuis la fin du mandat français en 1943.

La crise provoquée par la démission surprise du Premier ministre Saad Hariri le 4 novembre est sans précédent, même pour un pays où des lignes de fracture divisent la classe politique en fonction de la loyauté des uns et des autres envers des pays aussi opposés que l'Iran et l'Arabie saoudite, au plan régional, et que les Etats-Unis et la Russie au plan mondial.

Saad Hariri doit faire mercredi son retour au Liban, qu'il a quitté le 4 novembre pour se rendre à Ryad, où il a annoncé sa démission dans une allocution télévisée.

Nombreux sont ceux qui pensent que l'Arabie saoudite l'a contraint à présenter cette démission et l'a retenu contre son gré parce qu'il ne suivait pas la même ligne que la monarchie sunnite. Les autorités saoudiennes nient catégoriquement une telle version des faits.

A Beyrouth, Saad Hariri, à qui l'intervention de la France a permis de quitter Ryad, participera aux célébrations de l'indépendance.

"Nous ne nous sentons pas indépendants", déclare pourtant Georges al Bacha, un chômeur beyrouthin de 58 ans.

"Est-ce que le Liban peut agir comme il l'entend ? Les Libanais sont-ils libres de prendre des décisions et de les appliquer ? Non, ce n'est pas possible. Parce que certaines puissances étrangères décident de la marche à suivre", déclare de son côté Antoine Mouawad, un Libanais de 65 ans, employé d'une organisation caritative.

"UN COMBAT QUI NE CESSE JAMAIS"

"Lorsque vous avez un Premier ministre qui démissionne dans une capitale qui n'est pas la sienne, vous comprenez que quelqu'un d'autre tire les ficelles", résume Sami Atallah, du Centre libanais d'études politiques.

"Nous avons assisté au cours des dix derniers jours, ou au cours des deux dernières semaines, à une intervention flagrante", a-t-il estimé.

Pour certains Libanais, le dernier chapitre de la turbulente histoire du Pays du Cèdre rappelle l'année de son indépendance, 1943, quand les autorités françaises avaient arrêté et le président et le Premier ministre. Des pressions internationales et des manifestations avaient permis d'obtenir leur libération.

"L'aspect le plus important qu'il faut comprendre, dans un pays comme le Liban, c'est que l'indépendance est un combat qui ne cesse jamais", a déclaré mardi le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, membre du Courant du futur, le parti de Saad Hariri.

La présence militaire syrienne au Liban a pris fin en 2005 à la suite d'une vague de grandes manifestations et de pressions internationales, consécutives à l'assassinat à Beyrouth du père de Saad Hariri, Rafic Hariri, qui dirigea plusieurs gouvernements.

Un tribunal parrainé par les Nations unies a inculpé cinq membres du Hezbollah, organisation chiite libanaise pro-syrienne et pro-iranienne, pour leur rôle dans cet assassinat. Le Hezbollah a démenti y avoir joué le moindre rôle.

"Le Liban est lié soit à l'Arabie saoudite, soit à l'Iran. Il n'a pas aucune latitude pour agir par lui-même et les fautifs, ce sont les hommes politiques", dit Nohad Chelhot, un chef d'entreprise à la retraite.

(Eric Faye pour le service français)