La France veut doubler le chiffre d'affaires de sa filière sécurité intérieure

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La france veut doubler le chiffre d'affaires de sa filiere securite interieure[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

par Emmanuel Jarry

VILLEPINTE, Seine-Saint-Denis (Reuters) - La France souhaite doubler le chiffre d'affaires de ses industries de sécurité à l'horizon 2025, a déclaré mardi le ministère de l'Intérieur en marge de l'inauguration du salon Milipol, près de Paris.

Selon ses organisateurs, ce salon, qui se déroule tous les deux ans à Paris, est le plus grand rendez-vous international en matière de sécurité intérieure, avec cette année un millier d'exposants venus d'une cinquantaine de pays.

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a rappelé à l'issue d'une visite inaugurale que "plus de 3.000 entreprises françaises" travaillaient dans ce secteur, employaient plus de 125.000 personnes et réalisaient 50% de leur chiffre d'affaires à l'exportation.

Menace terroriste et montée de la cybercriminalité alimentent le marché de la sécurité au sens large, qui a enregistré une croissance de 8,3% en 2016 dans le monde.

En France, le chiffre d'affaires de ce marché, du simple gardiennage à la cybersécurité, est évalué entre 27,5 milliards et 35 milliards d'euros, selon le périmètre retenu, avec une croissance moyenne oscillant entre 4% et 5% par an ces dernières années, selon les estimations.

"Pour un pays comme la France, il est évidemment indispensable de se situer à la pointe de ce secteur en développement", a déclaré Gérard Collomb. "C'est un enjeu économique" mais aussi "un enjeu de souveraineté".

"Il me semble indispensable de développer en France nos propres savoir-faire, en particulier sur des segments aussi stratégiques que le renseignement, la protection des données sensibles ou la lutte contre la cybercriminalité."

75.000 EMPLOIS NOUVEAUX ?

Il a fait état d'une récente étude selon laquelle l'Etat et les collectivités locales orientaient en France près de la moitié du chiffre d'affaires des entreprises de sécurité.

Selon le ministère, un comité de filière des industries de sécurité définira début 2018 une politique susceptible de permettre à ce secteur de doubler son chiffre d'affaires et de créer 75.000 nouveaux emplois qualifiés d'ici 2025.

Selon le président du Conseil des industries de confiance et de sécurité, Marc Darmon, il faudra notamment, pour créer l'effet de levier nécessaire, au moins un milliard d'euros de commandes publiques par an et un milliard d'euros de dépenses de recherche et développement sur plusieurs années.

Il a admis, lors d'une conférence de presse, que la création de 75.000 nouveaux postes, dans un domaine où les emplois sont extrêmement qualifiés, pourrait se heurter à la concurrence des autres secteurs industriels. "C'est un challenge parfaitement identifié", a-t-il cependant assuré.

L'objectif, précise également le ministère, est aussi de maintenir un taux de croissance de cette filière à l'exportation supérieur au taux de croissance national et de "couvrir l'intégralité des technologies identifiées comme 'critiques' par des offres nationales ou européennes".

TECHNOLOGIES CRITIQUES

Selon le directeur de la protection et de la sécurité de l'Etat au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationales (SGDSN), Pascal Bolot, 27 technologies critiques ont ainsi été identifiées.

Ces technologies sont jugées sensibles par leur nature mais également à cause du risque de perdre leur maîtrise (nombre de fournisseurs nationaux très restreint, rentabilité insuffisante, risque de rachat ou de prise de contrôle par une entreprise ou une puissance étrangère, absence de technologie alternative).

C'est le cas notamment dans le domaine de la cybersécurité mais aussi, par exemple, des systèmes de radio sécurisées .

"Il y a un certain nombre de domaines dans lesquels on va resserrer les mailles du filet", a souligné Pascal Bolot. "Un domaine très important, c'est la sécurité aéroportuaire et la biométrie. C'est un marché mondial qui augmente de 7% par an."

Selon le préfet Yann Jounot, président du salon Milipol, l'innovation est notamment flagrante cette année dans "tout ce qui concerne la reconnaissance faciale" et la capacité de "détecter dans des foules des comportements anormaux".

De nombreux stands présentent plus classiquement des drones de toutes tailles, d'autres des barrières anti-camion bélier capable de résister à l'impact d'un véhicule de 7,5 tonnes roulant à une cinquantaine de km/h.

(Edité par Yves Clarisse)