La BCE espère ne pas rouvrir de sitôt le débat sur sa politique

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(Crédits : Kai Pfaffenbach)

par Balazs Koranyi

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) réaffirmera l'orientation de sa politique monétaire lors de sa réunion de décembre et ses responsables espèrent de pas rouvrir le débat sur les prochaines étapes avant que l'année 2018 ne soit bien entamée, ont dit cinq sources au fait de leurs discussions à Reuters.

Après avoir consacré 2.200 milliards d'euros à des rachats d'actifs depuis mars 2015, la BCE a annoncé le mois dernier qu'elle réduirait de moitié le montant mensuel de ses achats pour le ramener à 30 milliards d'euros tout en les prolongeant de neuf mois, jusqu'en septembre 2018, en réponse à la faiblesse persistante de l'inflation.

La banque centrale a aussi confirmé que ses taux directeurs demeureraient à leur bas niveau actuel bien après la fin de son programme d'achats d'actifs, ce qui repousse de fait leur premier relèvement à 2019.

Les sources se sont félicitées de l'accueil favorable réservé par les investisseurs à ces annonces, perçues par les marchés comme une prolongation de la politique monétaire ultra-accommodante plutôt que comme un premier pas vers une normalisation de la politique monétaire.

"La première hausse de taux est désormais attendue fin 2019 d'après les anticipations de marché et cela me convient tout à fait", a dit l'une des sources. "Les marchés ont très bien pris la décision d'octobre."

Bien que le président de la BCE, Mario Draghi, ait dit que certaines décisions pourraient être prises à l'occasion de la réunion de décembre, les sources s'attendent à une réunion très calme.

"Nous allons prendre du recul et réaffirmer que notre décision d'octobre était la bonne", a dit une deuxième source. "Nous aurons de nouvelles projections (sur la croissance et l'inflation-NDLR) et elles pourraient être un peu relevées, ce qui est aussi une bonne chose. Et nous aurons une discussion sur la composition (des achats d'actifs à venir). Et ce sera à peu près tout."

HIBERNATION

Le débat sur la composition des achats portera sur la part des titres du secteur public, principalement les emprunts d'Etat, et du secteur privé. Si les responsables monétaires devraient tomber d'accord sur les grands principes, la BCE disposera d'une assez large marge de manoeuvre sur la ventilation exacte des achats, ont dit plusieurs des sources.

La BCE n'a pas souhaité faire de commentaires.

Bien qu'elle ait laissé la porte ouverte à une éventuelle prolongation de son programme d'achats d'actifs, les sources ont dit qu'il y avait un consensus pour considérer qu'il serait interrompu d'ici la fin 2018 si l'économie et l'inflation au sein de la zone euro évoluent comme prévu actuellement.

"Ce n'est toutefois pas un engagement. S'il y a des chocs, nous réagirons", a dit une troisième source. "Nous ne prenons pas d'engagement à l'avance, donc nos options sont ouvertes."

Avant de décider l'arrêt des rachats d'actifs, la BCE va s'efforcer de préparer les marchés en modifiant son discours et peut-être son pilotage des anticipations ("forward guidance"), qui indiquent pour l'instant que ces rachats sont toujours susceptibles d'être augmentés ou prolongés.

D'après les sources, tout débat sur ce point n'interviendra pas avant de nombreux mois, la BCE préférant entrer en hibernation tant que la situation économique évolue conformément à ses prévisions.

"Nous discutons bien sûr toujours de politique monétaire mais je ne m'attends pas à une discussion substantielle avant mars, voire le milieu de l'année", a dit une quatrième source. "Il est désormais programmé que nous allions jusque fin septembre et nous prendrons la prochaine décision à une date relativement proche de (cette échéance)."

Aucune décision n'a été prise concernant les prochaines réunions et aucune discussion officielle n'a eu lieu quant aux prochaines initiatives de la BCE, ont souligné les sources.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)