Washington accuse la Birmanie de nettoyage ethnique

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Washington accuse la birmanie de nettoyage ethnique dans l'arakan[reuters.com]
(Crédits : Mohammad Ponir Hossain)

WASHINGTON (Reuters) - Les Etats-Unis considèrent l'offensive militaire birmane contre les Rohingyas (musulmans apatrides) dans l'Etat d'Arakan comme une opération de nettoyage ethnique et envisagent des sanctions ciblées contre ses responsables, a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson dans un communiqué.

"Après analyse minutieuse et attentive des faits disponibles, il est clair que l'opération dans l'Etat d'Arakan constitue (une opération de) nettoyage ethnique contre les Rohingyas", a-t-il dit.

Les Etats-Unis s'étaient jusque-là abstenus d'utiliser cette expression de "nettoyage ethnique", déjà employée par l'Onu.

Plus de 600.000 Rohingyas ont fui depuis la fin août le nord-ouest de la Birmanie pour gagner le Bangladesh en raison d'une vaste offensive de l'armée birmane menée en représailles à une série d'attaques de séparatistes Rohingyas.

"Ces abus commis par certains au sein de l'armée birmane, des forces de sécurité et des groupes locaux d'autodéfense ont causé d'énormes souffrances et forcé des centaines de milliers d'hommes, femmes et enfants à fuir leurs maisons en Birmanie pour trouver refuge au Bangladesh", a souligné Rex Tillerson.

"Les responsables de ces atrocités devront rendre des comptes", a-t-il ajouté.

"Cette qualification souligne que nous pensons que c'était (...) organisé, planifié et systématique", a commenté un haut responsable américain.

"Cela ne désigne pas spécifiquement un groupe en particulier mais il y a un nombre limité d'entités qui ont pu être impliqués dans cette planification et cette organisation", a-t-il ajouté lors d'une visioconférence avec des journalistes.

L'idée de sanctions ciblées a été proposée début novembre par un groupe de parlementaires du Congrès américain.

Rex Tillerson a également rappelé que Washington réclamait une enquête indépendante sur les événements dans l'Arakan.

Le changement de ton de la diplomatie américaine et la menace de sanctions ne devraient avoir qu'"un impact limité, sinon nul" en Birmanie, a commenté Murray Hiebert, spécialiste de l'Asie du Sud-Est au Centre d'études stratégiques et internationales de Washington.

"Il est probable que cela va créer plus de méfiance entre les Etats-Unis et l'armée et le gouvernement de Birmanie et que cela rapprochera les autorités birmanes de la Chine, de la Russie et de leurs voisins plus autoritaires d'Asie du Sud-Est", a-t-il ajouté.

Les organisations de défense des droits de l'homme accusent les militaires birmans d'avoir commis de nombreux abus contre les Rohingyas.

Le Vatican a fait savoir mercredi que le pape François, qui se rend en Asie du 26 novembre au 2 décembre, rencontrera le chef de l'armée birmane, le général Min Aung Hlaing, le 30 novembre à Rangoun, en Birmanie, ainsi qu'un groupe de réfugiés Rohingyas à Dacca, la capitale bangladaise.

(Doina Chiacu et Arshad Mohammed; Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Henri-Pierre André)