Altice pourrait céder sa filiale dominicaine, S&P met en garde

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Altice cherche a ceder sa filiale dominicaine[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Altice, dont le cours de Bourse a perdu la moitié de sa valeur depuis le début du mois, cherche à céder son opérateur télécoms en République dominicaine dans le but de réduire sa dette menacée de dégradation par l'agence de notation S&P, a-t-on appris jeudi de deux sources au fait du dossier.

Sanctionné par les investisseurs après des résultats trimestriels jugés décevants, le géant du câble, des télécoms et des médias a promis de donner la priorité au désendettement et annoncé des cessions d'actifs non stratégiques rapides.

Selon les deux sources, la vente des activités en République dominicaine, dont le Financial Times a été le premier à se faire l'écho, pourrait rapporter aux environs de 2,5 milliards d'euros en appliquant un multiple de 7 à 8 fois l'Ebitda.

Racheté en 2013 au français Orange, Altice Dominicana est l'un des principaux opérateurs du pays avec 4,8 millions de clients.

Après plusieurs années de croissance, son résultat d'exploitation ajusté, qui a atteint 376 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 718 millions en 2016, devrait marquer le pas cette année, d'après les estimations des analystes.

Un porte-parole du groupe a refusé de faire un commentaire sur ces informations.

Altice a également dit envisager la cession de pylônes en Europe, une opération qui pourrait lui rapporter jusqu'à quatre milliards d'euros selon les estimations d'un banquier proche de la situation.

Le niveau élevé d'endettement du groupe, avec une dette nette proche de 50 milliards d'euros, est revenu au centre des préoccupations du marché.

S&P a annoncé jeudi qu'elle dégradait sa perspective sur la dette du groupe de "stable" à "négative", impliquant une possible dégradation de la note "B+" dans un délai de 12 mois.

ABN AMRO À L'ACHAT

L'agence de notation prend acte des difficultés persistantes de SFR qui a continué de perdre des abonnés dans le fixe au troisième trimestre, jugeant que la stratégie d'investissements massifs dans le réseau et les contenus n'a pour l'instant pas fait ses preuves.

Elle estime que la France, un marché clef où Altice dégage 40% de son Ebitda, devrait voir son résultat d'exploitation reculer de 2,5% en moyenne sur la période de 2016 à 2018 alors qu'une hausse de plus de 3% était jusque-là anticipée.

"La révision de la perspective reflète également l'effondrement récent de la capitalisation boursière du groupe et la détérioration de la confiance du marché de crédit, qui, si elle n'est pas restaurée à travers un plan crédible de réduction de la dette et de redressement opérationnel en France, pourrait se traduire par des coûts de financement plus élevés à moyen terme", explique S&P dans un communiqué.

L'agence de notation a toutefois maintenu pour l'instant la note actuelle d'Altice du fait de la solidité de ses actifs aux Etats-Unis, de la qualité de ses infrastructures et de la réorganisation du groupe orchestrée par Patrick Drahi qui a notamment évincé le directeur général Michel Combes pour reprendre les rênes, entouré de ses fidèles.

En Bourse, l'action Altice a regagné 3,85% jeudi pour clôturer à 7,85 euros, portée par les perspectives de cessions d'actifs ainsi qu'une note positive d'ABN Amro relativisant les inquiétudes sur la dette.

"L'action ayant perdu 48% depuis le début de mois, nous voyons maintenant une très bonne opportunité d'achat", écrit ABN Amro, qui a entamé son suivi sur la valeur avec une recommandation à "acheter" et un objectif de cours à 16 euros.

"Un non-respect des engagements bancaires ne paraît pas probable, pas davantage qu'une augmentation de capital", lit-on dans la note de la banque néerlandaise.

(Mathieu Rosemain et Gwénaëlle Barzic à Paris, Sophie Sassard à Londres, édité par Dominique Rodriguez)