Paris et Varsovie se rapprochent, sans masquer les divergences

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(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron et la Première ministre polonaise, Beata Szydlo, ont exprimé jeudi leur volonté de dissiper des malentendus et de trouver des compromis, sans masquer les divergences, après de fortes tensions ces derniers mois.

Le président français a fait état de perspectives de développement économique bilatérales dans les secteurs de la défense, de l'industrie et du nucléaire, lors d'une conférence de presse conjointe après un entretien à l'Elysée.

Il s'est exprimé sur les craintes entourant la réforme de la justice en Pologne, un sujet de "préoccupation" selon lui, même s'il a répété que la France n'avait pas à juger des réformes menées dans d'autres pays.

Cette réforme a incité la Commission européenne à ouvrir en juillet une procédure d'infraction contre Varsovie pour violation des principes communautaires.

Beata Szydlo a assuré de son côté que la Pologne respectait "tous les principes, toutes les valeurs, tous les droits".

"Toutes les réformes qui sont en cours sont conformes à ces principes", a-t-elle assuré, ajoutant vouloir expliquer ces décisions en toute transparence avec la Commission européenne.

Pour la dirigeante polonaise, sans une coopération entre la France et la Pologne, toutes les réformes nécessaires de l'Union européenne sont vouées à l'échec.

"Je ne crois pas qu'il y ait de grandes difficultés entre la France et la Pologne (...) c'est vrai qu'il y a des divergences de vue et c'est naturel mais je me réjouis de cette rencontre, nécessaire, qui nous a permis de préciser des doutes et des différences", a-t-elle déclaré.

Un travail bilatéral important va être mené par plusieurs ministres, a-t-elle souligné.

MACRON EN POLOGNE L'AN PROCHAIN

Emmanuel Macron a annoncé qu'il se rendrait en Pologne l'an prochain.

Après l'opposition de la Pologne, de la Hongrie, de la Lituanie et de la Lettonie à la réforme de la directive sur le travail détaché, fortement poussée par Emmanuel Macron, ce dernier s'est dit optimiste sur un compromis sur la future révision des règles du transport routier.

"La France protègera les transporteurs routiers français et défendra leurs intérêts mais je pense qu'ils sont compatibles avec une activité légitime que la Pologne recherche, c'est ça la volonté de compromis et de consensus que nous partageons", a-t-il dit.

Sur la réforme de la justice en Pologne, "la France aura une position très simple, elle suivra les travaux de la Commission européenne", a dit Emmanuel Macron.

"S'il est avéré que ce qui est fait n'est pas conforme aux textes européens, tout le monde en tirera les conséquences. Si des accords sont trouvés et qu'il est avéré que c'est conforme, ou que la Pologne modifie la réforme en cours pour s'y conformer (...) nous n'aurons plus de problèmes."

Déjà tendues avant l'élection d'Emmanuel Macron, les relations entre les deux pays ont fait l'objet d'une escalade verbale ces derniers mois.

Le président français avait jugé fin août que les Polonais méritaient mieux que des dirigeants qui trahissent selon lui les valeurs européennes.

"Ce pays décide aujourd'hui de se mettre en marge de l'Histoire, du présent et du futur de l'Europe, ce que je regrette", avait-il dit.

Beata Szydlo l'avait alors taxé d'arrogance et d'inexpérience et assuré qu'Emmanuel Macron "ne décidera pas de l'avenir de l'Europe".

(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)