La Grèce dans l'impasse avant le référendum de dimanche

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La grece dans l'impasse[reuters.com]
(Crédits : © Alkis Konstantinidis / Reuter)

par Karolina Tagaris et Michele Kambas

ATHENES (Reuters) - La Grèce se prépare lundi à un référendum sur le projet d'accord refusé par son gouvernement sans espoir de nouvelles propositions de la part de ses créanciers.

Les Grecs, qui ont trouvé leurs banques fermées pour la semaine, même si certaines rouvriront jeudi pour le versement des retraites, voteront dimanche.

Un "non" signifierait qu'ils ne veulent pas rester dans la zone euro, a déclaré lundi le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel.

Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a déclaré pour sa part sur Twitter que les Grecs auraient à choisir "non pas entre l'Union européenne et (le Premier ministre grec Alexis) Tsipras, mais entre l'euro et la drachme".

La menace d'un Grexit provoque des turbulences sur les marchés financiers, orientés à la baisse en Europe, comme aux Etats-Unis, à la veille de l'expiration du plan d'aide actuel et de la date limite pour le remboursement au Fonds monétaire international (FMI) d'une tranche d'1,6 milliard d'euros.

Si les conséquences à long terme d'une sortie de la Grèce de l'euro sont difficiles à mesurer, plusieurs voix, dont celle du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, se sont élevées pour affirmer que l'arrêt du plan d'aide et le défaut qui se dessine auraient un impact limité sur les autres pays.

Pour une petite majorité des plus de 70 économistes et traders interrogés par Reuters, Athènes devrait rester dans la zone euro. Mais 45% des sondés pensent désormais qu'elle en sortira, contre 30% il y a juste une semaine.

JUNCKER SE DIT "TRAHI" PAR TSIPRAS

Le président de la Commission européenne a exhorté lundi les citoyens grecs à mesurer l'importance des concessions faites par leurs créanciers et à voter "oui" dimanche.

"Il ne faut pas se suicider parce qu'on a peur de la mort", a dit Jean-Claude Juncker lors d'une conférence de presse. "Je demande au peuple grec de voter oui, quelle que soit la question."

Il a accusé le gouvernement grec d'avoir quitté la table des négociations avant que les pourparlers ne soient finalisés et d'avoir présenté une version dépassée du projet.

"Nous avons véritablement déplacé des montagnes jusqu'à la dernière minute, jusqu'à ce que les négociateurs grecs quittent la table des négociations", a ajouté Jean-Claude Juncker qui s'est dit "trahi" par le Premier ministre Alexis Tsipras.

"Après des mois de discussions, nous étions déterminés à trouver un accord, mais cette volonté a été brisée par la volonté de faire campagne du gouvernement grec, et, surtout, en ne disant pas toute la vérité", a-t-il ajouté.

Les créanciers suggéraient notamment une remise en cause des niches fiscales pour les plus riches, dont les armateurs, et une lutte accrue contre la corruption, a dit Jean-Claude Juncker.

L'Eurogroupe était prêt en outre à parler de mesures d'allègement de la dette, une des principales revendications d'Alexis Tsipras, toujours selon Jean-Claude Juncker.

Le dernier "paquet" prévoyait ainsi selon lui 12 milliards d'euros d'économies de moins qu'initialement prévu et aucune baisse des salaires ou des retraites.

"Tous les éléments d'un accord crédible et global étaient sur la table", a-t-il dit.

DIJSSELBLOEM LAISSE LA PORTE OUVERTE

Jean-Claude Juncker et Angela Merkel ont toutefois évoqué la possibilité d'une reprise des pourparlers après le référendum de dimanche.

Le président de l'exécutif européen a cependant spécifié qu'il n'y aurait pas de nouvelle proposition de la part des créanciers tandis que la chancelière allemande invitait à ne pas attendre d'avancées dans les prochains jours.

Le Premier ministre grec a parlé lundi au président de la Commission européenne pour lui demander de l'aider à obtenir une prolongation pour un bref délai du plan d'aide international. Toutes ses précédentes requêtes en ce sens ont été rejetées.

De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) a rejeté dimanche une demande de la Grèce de six milliards d'euros de financement d'urgence supplémentaire. L'institution devrait cependant laisser cette ligne utilisée par les banques grecques ouverte jusqu'au référendum, a-t-on appris de sources ayant connaissance du dossier.

Si les Grecs acceptent dimanche l'offre des créanciers (Union européenne, BCE et FMI), Alexis Tsipras sera désavoué et il lui sera difficile de rester à son poste, ouvrant la voie à de nouvelles élections.

"Je continue à dire que notre porte est ouverte mais les options et le temps disponible sont très limités", a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jeroen Djisselbloem.

"Il s'agit vraiment de l'avenir de la Grèce. De la zone euro aussi, mais avant tout de la Grèce."

(Avec Deepa Babington, Lefteris Karagiannopoulos, Yannis Behrakis et Alkis Konstantinidis, Patrick Vignal pour le service français, avec Yves Clarisse; Sophie Louet, édité par Juliette Rouillon)