Hollande et Merkel mis au défi de parler d'une seule voix

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Paris et berlin vont tenter de parler d'une seule voix[reuters.com]
(Crédits : © Hannibal Hanschke / Reuters)

par Julien Ponthus

PARIS (Reuters) - François Hollande et Angela Merkel tenteront lundi de parler d'une seule voix sur les moyens de conserver la Grèce dans la zone euro malgré la fracture des opinions des deux pays qui s'accentue encore après la victoire du "non" au référendum.

La chancelière et le président, qui se sont entretenus au téléphone dimanche soir, ont décidé que leur première prise de parole sur les conséquences du vote grec n'aurait lieu qu'après leur réunion de travail à l'Elysée lundi soir.

"Comme toujours, nous recherchons une approche commune en vue du sommet de la zone euro", dit-on de source diplomatique française, soulignant que Paris et Berlin ont obtenu une réunion d'urgence des dirigeants des pays membres de l'euro mardi soir.

La volonté de François Hollande et d'Angela Merkel d'afficher l'unité du couple franco-allemand intervient au moment où des divergences d'approche sur ce dossier brûlant pour l'euro sont apparues au grand jour la semaine dernière.

Le premier avait pris mercredi le contre-pied d'Angela Merkel en exhortant Athènes et ses partenaires européens à parvenir "tout de suite" à un accord, avant le référendum sur le programme de soutien à la Grèce, alors que la seconde n'entendait reprendre les discussions qu'après la consultation.

Le Premier ministre Manuel Valls a démenti jeudi "formellement" toute divergence de fond mais les premières réactions en Allemagne et en France après les résultats du vote grec montrent à quel point ce dossier est perçu différemment d'un côté ou de l'autre du Rhin.

"Tsipras a coupé les derniers ponts par lesquels la Grèce et l'Europe auraient pu s'acheminer vers un compromis", a estimé dimanche le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, un social-démocrate qui rejoint ainsi la droite de son pays.

Le ministre des Finances Michel Sapin a pris lui lundi une position plus prudente. "Il y a sur la table les bases d'un dialogue", a-t-il dit, estimant qu'il appartenait aux Grecs de faire des propositions.

Si la gauche du Parti socialiste a pris fait et cause pour le "non" grec, qui recueille une certaine sympathie à travers l'échiquier politique français, les responsables français font part en privé de leur exaspération face aux méthodes de négociations d'Athènes depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir.

La chancelière allemande s'efforce de jouer un rôle de modératrice auprès des "faucons" de son gouvernement et des milieux patronaux excédés par le gouvernement grec.

En Europe, de nombreuses capitales font part de leur scepticisme quant aux chances de trouver un accord avec le gouvernement d'Alexis Tsipras et de grandes institutions financières comme la banque JP Morgan partent dorénavant du principe qu'un "Grexit" est inévitable.

(Avec Robert Muller et Andreas Rinke, édité par Yves Clarisse)