Six mois sans vendre pour les gros actionnaires en Chine

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Les marches chinois rebondissent[reuters.com]
(Crédits : © Aly Song / Reuters)

par Koh Gui Qing et Kazunori Takada

PEKIN/SHANGHAI (Reuters) - Les marchés boursiers chinois ont rebondi jeudi au lendemain de l'interdiction faite aux gros actionnaires de vendre leurs titres pendant une période de six mois dans le cadre des mesures de soutien décidées par les autorités.

Par ailleurs, une équipe emmenée par le vice-ministre de la Sécurité publique Meng Qifeng, s'est rendue jeudi matin dans les locaux du régulateur boursier pour prendre connaissance d'éléments suggérant des ventes à découvert d'actions "malveillantes", indique l'agence de presse officielle Chine nouvelle.

Les autorités "riposteront" aux activités illicites, indique Chine nouvelle, sans donner de précisions sur les activités illégales en question ni sur les personnes objet des éventuelles enquêtes.

L'autorité bancaire de son côté a fait savoir que les crédits adossés à des actions pourraient être renouvelés.

Vers 04h20 GMT, l'indice CSI300 des principales sociétés cotées à Shanghai et Shenzhen gagnait 2,43% tandis que la Bourse de Shanghai prenait 1,3%. Les deux indices avaient encore reculé de 6% à 7% mercredi.

Depuis la mi-juin, la chute des marchés boursiers chinois se chiffre à plus de 30%. A tel point que, pour certains investisseurs mondiaux, une déstabilisation du système financier qui serait due à la correction boursière chinoise constitue aujourd'hui un risque plus important que la crise grecque.

Les Etats-Unis ont fait part de leur inquiétude.

"La crainte, réelle, porte sur la signification de tout cela en termes de croissance à long terme en Chine", a déclaré mercredi le secrétaire au Trésor Jack Lew.

L'autorité de régulation des marchés boursiers chinois, la CSRC, a annoncé mercredi soir que les actionnaires détenant des participations supérieures 5% dans des sociétés chinoises cotées en Bourse n'auraient plus le droit de vendre leurs titres pendant une période de six mois.

"SENTIMENT DE PANIQUE"

L'interdiction s'applique aussi aux investisseurs étrangers qui détiennent des participations dans des sociétés cotées à Shanghai ou à Shenzhen, bien que celles-ci soient souvent inférieures à 5%.

La CSRC, qui a évoqué un "sentiment de panique" sur un marché dominé par les actionnaires individuels, a promis que les contrevenants seraient sévèrement sanctionnés.

Par ailleurs, les principaux actionnaires des grandes banques chinoises telles que ICBC ou de grandes entreprises comme la société de raffinage pétrolier Sinopec ont promis de conserver leurs participations, voire de les augmenter.

Les autorités politiques ont publié ces derniers temps une série de mesures pour soutenir les marchés boursiers : baisse des taux d'intérêt, suspension des introductions en Bourse, incitation des sociétés de Bourse à acheter des actions garanties par des liquidités de la banque centrale.

La Chine a demandé à ces intermédiaires boursiers et aux géants de fonds de s'engager à acheter des actions pour l'équivalent de plusieurs milliards d'euros, avec l'aide d'une société soutenue par l'Etat qui a promis de fournir des liquidités en quantités suffisantes.

Mais le barrage de mesures d'urgence n'ayant pas fait la preuve de son efficacité, la moitié des sociétés cotées à Shanghai et Shenzhen ont choisi de se protéger de la déroute en demandant la suspension de leur cotation.

Par ailleurs, des appels commencent à se faire entendre dans le public pour demander la démission de Xiao Gang, le président de la CSRC. Une recherche en ligne effectuée jeudi par Reuters montrait que certains de ces appels ont été censurés.

Des recherches effectuées sur les mots "Xiao Gang démission" sur Baidu et Weibo, respectivement principal moteur de recherche en Chine et sa version Twitter, affichaient le message suivant : "conformément aux lois et règlements en vigueur, certains résultats de recherche ne peuvent être affichés."

(Avec David Stanway, Winni Zhou et Nicholas Heath à Pékin, Pete Sweeney et Brenda Goh à Shanghai, Umesh Desai, Saikat Chatterjee et Michelle Chen à Hong Kong et Jason Lange et Douwe Miedema à Washington; Danielle Rouquié pour le service français)