Jeremy Corbyn, le néo-marxiste qui monte au Labour

reuters.com  |   |  493  mots

par Kylie MacLellan

LONDRES (Reuters) - Le Parti travailliste britannique, dans l'opposition depuis cinq ans et qui sort du naufrage électoral de mai dernier, pourrait se doter d'un nouveau chef de file issu de son aile radicale, le sexagénaire Jeremy Corbyn, qui prône des renationalisations et cite Karl Marx.

Député depuis 1983, Jeremy Corbyn a obtenu les soutiens de 152 sections locales du Labour, loin devant le premier de ses trois adversaires, Andy Burnham, dont la candidature est appuyée par 111 sections.

Le choix des sections, qui avaient jusqu'à vendredi soir pour se déterminer, ne préjuge pas de l'issue du congrès du 12 septembre où les travaillistes désigneront le successeur d'Ed Miliband, mais il constitue un bon indicateur de l'état d'esprit des militants.

"Cela crée un mouvement d'entraînement en sa faveur qui pourrait même se renforcer en incitant des gens à adhérer et à voter pour lui", estime Steven Fielding, directeur du Centre for British Politics à l'université de Nottingham.

A 66 ans, le doyen de l'élection interne incarne l'aile gauche du parti, loin de la réorientation profonde entreprise par Tony Blair qui a permis au "New Labour" de revenir au pouvoir en 1997 et de s'y maintenir jusqu'en 2010.

"ANTIDOTE"

"Nous pensons que le temps est venu pour un changement du Labour", déclare le dirigeant syndical Dave Ward, dont le Communication Workers Union soutient la candidature de Jeremy Corbyn. "Un virus a contaminé le Parti travailliste, et Jeremy Corbyn en est l'antidote", ajoute-t-il, dénonçant la "droitisation" du parti à l'oeuvre depuis Tony Blair.

Militant du désarmement nucléaire, opposant à la guerre en Irak en 2003, Jeremy Corbyn estime que des pans entiers de l'économie britannique devraient être renationalisés.

Dans une interview accordée dimanche dernier à la BBC, il a précisé sa pensée, estimant notamment que le transport ferroviaire de même que les services postaux et la production d'électricité devraient revenir dans le giron de l'Etat.

"Marx a analysé avec brio ce qui s'est produit", a-t-il expliqué. "Si nous investissons dans les infrastructures, alors c'est nous, le public, qui devons en tirer bénéfice", a-t-il ajouté.

Outre Andy Burnham, porte-parole du parti pour les questions de santé, deux autres personnalités briguent la succession d'Ed Miliband : Yvette Cooper, chargée de l'Intérieur dans le "gouvernement fantôme" du Labour, et Liz Kendall, considérée comme une héritière de Blair.

Ce dernier s'est du reste immiscé dans la campagne interne du Parti, appelant les travaillistes à rejeter Jeremy Corbyn et privilégier un représentant plus centriste s'ils veulent reconquérir le pouvoir.

"On gagne au centre, on gagne quand on attire une large gamme de l'opinion, on gagne quand on soutient les entreprises autant que les syndicats, on ne gagne pas sur un programme de gauche traditionnelle", a-t-il dit lors d'un discours prononcé le 22 juillet à Londres.

(avec Andrew Osborn, Henri-Pierre André pour le service français)