Macron tente de prouver aux patrons qu'ils ont été comblés

reuters.com  |   |  618  mots

par Jean-Baptiste Vey

JOUY-EN-JOSAS, Yvelines (Reuters) - Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, seul poids lourd économique du gouvernement présent cette année à l'université d'été du Medef, a tenté de prouver jeudi aux chefs d'entreprise que leurs demandes avaient déjà été comblées.

Devant une assistance pour laquelle cet ancien homme du privé est la personnalité du gouvernement la plus attentive à leurs préoccupations, il n'a fait ni annonce ni promesse de court terme, hormis celle que "nous continuerons à faire".

Il a aussi confirmé qu'il ferait des propositions rapidement pour que le plafonnement des indemnités prud'homales, une disposition de la loi Macron censurée par le Conseil constitutionnel, puisse finalement entrer en oeuvre, déclenchant les applaudissements de la salle.

La veille, le président de la première organisation patronale française avait averti le gouvernement qu'il ne lui restait que "six à neuf mois" pour réformer la France avant que la campagne pour l'élection présidentielle vienne tout bloquer ou que la prochaine crise économique frappe.

Pierre Gattaz en avait appelé au courage de François Hollande et de Manuel Valls pour qu'ils s'attaquent aux deux priorités qu'il a définies : l'assouplissement de la législation du travail et la baisse des dépenses publiques, seule garantie à ses yeux d'une baisse pérenne de la fiscalité.

Après la mise en garde de Pierre Gattaz sur la possible transformation des turbulences économiques et financières en Chine en vraie panne de croissance, Emmanuel Macron s'est montré optimiste.

"La fragilité de la croissance chinoise est un élément que l'on ne peut plus ignorer", a-t-il dit, en assurant que la croissance française ne serait pas affectée cette année et "celle de 2016 peut-être mais marginalement".

APPEL À EMBAUCHER

Rappelant les mesures prises depuis l'élection de François Hollande en 2012, en particulier les baisses des prélèvements sur les entreprises liées au crédit d'impôt compétitivité emploi et au Pacte de responsabilité, Emmanuel Macron a répliqué aux critiques du Medef à l'égard du gouvernement, expliquant qu'il appartenait aux chefs d'entreprise d'investir et d'embaucher.

"Vous avez l'amour et les preuves d'amour", a-t-il dit, un an après la déclaration "j'aime l'entreprise" du Premier ministre, Manuel Valls, devant la même assemblée. "Les entrepreneurs sont notre fierté et notre avenir."

Mais les entreprises elles aussi sont responsables d'une économie déficiente ces dernières décennies, a dit Emmanuel Macron, expliquant qu'elles n'investissaient pas assez et que nombre d'entre elles manquaient de robots et avaient un positionnement trop milieu de gamme.

Sa remarque sur les investissements intervient le jour même où l'Insee a annoncé une forte révision à la baisse des prévisions d'investissements des industriels en 2015, à +2% au lieu de +7% en avril, un résultat qui ternit l'annonce d'une hausse du climat des affaires à son plus haut niveau depuis quatre ans.

Emmanuel Macron n'a fait qu'évoquer la future réforme de la législation du travail, citant le rapport de Jean-Denis Combrexelle qui sera remis dans les prochaines semaines et qui "aidera à repenser la philosophie de notre droit du travail".

Pierre Gattaz a souhaité mercredi que ce rapport débouche sur la prééminence des accords d'entreprises sur le Code du travail. Le directeur général de Total, Patrick Pouyanné, a souhaité lui aussi jeudi que le gouvernement puisse "renvoyer au niveau de l'entreprise tout ce qui peut être négocié au niveau de l'entreprise".

Sur la question des dépenses publiques, Emmanuel Macron a déclaré que l'objectif était de la réduire dans les prochaines années, de 57% du produit intérieur brut aujourd'hui à 50% en 2022.

(Edité par Yves Clarisse)