Les tenants d'une hausse de taux à la Fed n'ont pas changé d'avis

reuters.com  |   |  629  mots

par Jonathan Spicer et Howard Schneider

JACKSON HOLE, Wyoming (Reuters) - Les récentes turbulences sur les marchés ne doivent pas empêcher la Fed de décider d'au moins une hausse de ses taux d'intérêt car ces mouvements et le ralentissement de l'économie chinoise ont eu pour l'instant peu d'effet sur l'économie américaine, a déclaré vendredi James Bullard, le président de la Fed de St. Louis.

Dans un entretien à Reuters, il a dit rester favorable à un relèvement des taux dès la prochaine réunion de politique monétaire, mi-septembre, ajoutant simplement que la banque centrale hésiterait sans doute à franchir le pas si les marchés restaient volatils jusqu'à cette date.

"Rien de ce qui s'est passé jusqu'ici n'a radicalement modifié les perspectives des Etats-Unis au point de changer la trajectoire de base de la politique monétaire", a-t-il expliqué en marge du symposium économique de Jackson Hole (Wyoming), auquel participent de nombreux responsables de banques centrales du monde entier.

"Ma préférence serait - et c'est notre stratégie - d'agir plus tôt mais d'agir progressivement. Donc allons-y et nous pourrons ajuster le rythme des hausses en fonction des données qui nous arriveront sur l'économie américaine et de l'évolution des prévisions", a ajouté James Bullard, qui a déclaré auparavant juger justifiée une hausse de taux en septembre.

La forte volatilité des marchés financiers ces derniers jours à semé le doute sur le calendrier possible du resserrement de la politique monétaire de la Fed, notamment après les propos de William Dudley, un proche conseiller de la présidente de l'institution, Janet Yellen, jugeant une hausse de taux en septembre moins urgente qu'auparavant.

LES POSITIONS RESTENT PARTAGÉES

James Bullard s'inscrit lui dans le camp des responsables de la Fed pour lesquels les fluctuations des marchés boursiers, alimentées notamment par les doutes sur la croissance chinoise, ont moins d'impact sur la trajectoire de la politique monétaire.

De son côté, Loretta Mester, la présidente de la Fed de Cleveland, a estimé que l'économie américaine pourrait supporter une hausse modeste des taux, mais elle n'est pas allée jusqu'à affirmer qu'elle soutiendrait une telle hausse lors de la réunion de septembre.

"Je veux consacrer le temps dont je dispose d'ici à la réunion de septembre pour évaluer toutes les informations économiques qui nous parviendront, y compris la volatilité récente des marchés et les raisons de celle-ci", a-t-elle expliqué dans un entretien au Wall Street Journal.

"Mais cela n'a pas modifié pour l'instant ma position de fond, à savoir que l'économie américaine est solide et qu'elle peut supporter une hausse des taux d'intérêt", a-t-elle ajouté.

Le président de la Fed de Minneapolis, Narayana Kocherlakota, depuis longtemps opposé à un relèvement rapide des taux, a quant à lui déclaré qu'une hausse cette année ne se justifierait pas, sauf en cas de modification importante des perspectives économiques.

"En excluant cela, je ne considère pas qu'à court terme une hausse des taux serait appropriée, et par 'court terme', je veux dire d'ici la fin 2015", a-t-il dit à la chaîne de télévision CNBC depuis Jackson Hole.

Pour Narayana Kocherlakota, qui quittera la Fed à la fin de l'année, il faudra plusieurs années pour que l'économie américaine génère une inflation soutenue et il serait plus approprié d'envisager de lui apporter un soutien supplémentaire.

James Bullard, lui, a dit à Reuters que la Fed pourrait relever ses taux une fois puis les "suspendre" à ce niveau si l'inflation restait trop faible.

(avec Jason Lange et Krista Hughes; Marc Angrand pour le service français)