Les conditions financières du départ du PDG d'Alcatel font débat

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(Crédits : © Philippe Wojazer / Reuters)

PARIS (Reuters) - Les conditions financières du départ de Michel Combes d'Alcatel-Lucent relancent à nouveau le débat sur les rémunérations des patrons français alors que, selon Le Journal du Dimanche, il devrait encaisser sur les trois prochaines années l'équivalent de 13,7 millions d'euros.

Le directeur général de l'équipementier télécoms franco-américain, à la tête de l'entreprise depuis avril 2013, doit prendre à compter de mardi la présidence de Numericable-SFR et la direction des opérations d'Altice au niveau mondial.

Selon le JDD, il recevra sur trois ans 4,5 millions d'euros de clause de non-concurrence, un million d'euros de stock-options.

Il bénéficiera aussi de 8,2 millions d'euros d'actions qu'il pourra vendre entre 2016 et 2018. L'hebdomadaire ajoute que les règles instituées à l'origine par Alcatel ne l'autorisaient pas à les toucher mais qu'elles ont été modifiées cet été.

"Il faut avoir le sens de la mesure", a commenté le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, en marge de l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle.

"Il est nécessaire de récompenser ceux qui s'engagent et ceux qui, en partie, font bouger les choses, mais ça ne peut pas se faire sans limites, sans principes."

Sur BFM TV, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a appelé "solennellement" le président du Medef, Pierre Gattaz, à "condamner publiquement" les rémunérations consenties à Michel Combes.

Une porte-parole d'Alcatel-Lucent, dans un mail à Reuters, a précisé dimanche que Michel Combes ne recevait aucune prime liée à son départ.

"HYPOTHÈSES"

"Comme directeur général d'Alcatel-Lucent, il bénéficie des dispositifs de rémunérations telles que votées par l'assemblée des actionnaires et décidées par le conseil d'administration", et n'a pas de conditions de rémunération de long terme, liées aux performances, différentes de celles des autres collaborateurs du groupe, a-t-elle ajouté.

"Tout montant publié relève d'hypothèses non réalisées et non vérifiables sur le cours des actions attribuées d'ici 2018."

Le PDG par intérim d'Alcatel, Philippe Camus, a estimé sur Europe 1 que ces rémunérations étaient appropriées au regard des accomplissements de Michel Combes.

Michel Combes est l'artisan du plan « Shift » qui a permis de redresser le groupe par un recentrage de ses activités et des coupes dans ses effectifs.

"Ce ne sont pas du tout des primes de départ, c'est tout simplement l'application à Michel Combes des modalités de rémunération de la performance", a expliqué Philippe Camus.

"Il ne va pas toucher une somme en argent mais il va toucher des actions qui ne seront disponibles qu'au cours des trois prochaines années. Il prend donc le risque de l'évolution des marchés, de l'évolution de la société sur trois ans", a-t-il poursuivi.

"En réalité, c'est l'Etat et les organismes de Sécurité sociale qui vont en récupérer l'essentiel, puisqu'environ les 2/3 vont être consacrés à des prélèvements obligatoires sans compter les prélèvements qui seront payés directement par la société", a précisé le PDG par intérim d'Alcatel.

Sur les 13,7 millions d'euros évoqués, "ce sera une somme beaucoup plus réduite qu'il finira par percevoir au bout des trois ans", a-t-il ajouté.

En avril, lors de l'annonce de son départ dans le cadre de la fusion du groupe avec le finlandais Nokia, Michel Combes avait indiqué qu'il renonçait à une disposition qui lui permettait de toucher 2,4 millions d'euros d'indemnités.

(Dominique Rodriguez avec Ingrid Melander à La Rochelle, édité par Sophie Louet)