Un plan de la Commission européenne face à l'afflux de migrants

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Dimitris avramopoulos annonce un plan europeen face au flot de migrants[reuters.com]
(Crédits : © Francois Lenoir / Reuters)

par Alastair Macdonald

BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne présentera la semaine prochaine les grandes lignes d'un plan en vue de répartir les migrants entre les pays de l'Union et d'accélérer les expulsions de ceux qui ne répondent pas aux critères pour être accueillis en Europe, a déclaré mardi à Reuters Dimitris Avramopoulos, commissaire européen à la migration et aux affaires intérieures.

Les nouvelles procédures concernant les demandes d'asile déposées en Italie, en Grèce et peut-être en Hongrie pourraient prévoir le placement en détention des migrants jugés indésirables, jusqu'à ce qu'ils soient renvoyés dans leur pays d'origine, a-t-il dit.

Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, devrait présenter les grandes lignes de ce programme lors de son discours sur l'état de l'Union devant le Parlement européen, le 9 septembre.

Les mesures proposées seront ensuite soumises aux ministres de l'Intérieur des Vingt-Huit lors de leur réunion d'urgence le 14 septembre.

Dimitris Avramopoulos a ajouté que les discussions avec les gouvernements des pays de l'UE lui faisaient espérer un accord sur la répartition des demandeurs d'asile entre les Etats membres, une idée avancée en mai par Jean-Claude Juncker.

"La majorité des pays (...) veulent contribuer" à un tel mécanisme, a-t-il dit. "Certains pays qui étaient un peu réticents (...) ont changé d'avis parce qu'ils se rendent compte que c'est un problème qui les concerne aussi."

Le commissaire européen a souligné qu'il n'était pas question de modifier les règles de l'espace Schengen, où les contrôles aux frontières ont disparu.

QUOTAS

"Ce n'est pas Schengen le problème", a-t-il expliqué. "Cette crise (...) est un 'test de résistance' pour les relations entre les institutions européennes et les Etats membres. Nous ne devons pas, à cause d'elle, prendre le chemin d'une renationalisation qui pourrait marquer le début de la fin pour tout ce que nous avons réalisé depuis cinquante ans."

Un projet de la Commission propose que 40.000 demandeurs d'asile en Italie et en Grèce soient accueillis dans d'autres pays de l'Union et que 20.000 réfugiés supplémentaires soient admis dans l'UE.

En juin, les gouvernements des pays européens ont rejeté l'idée de quotas obligatoires pour la répartition des migrants, préférant un système de volontariat qui peine à se concrétiser.

"Le flot (des réfugiés) ne cesse de grossir", a souligné Dimitris Avramopoulos. "La question est donc la suivante: allons-nous répondre de manière raisonnable à la proposition de la Commission? Si on montre que le projet est applicable, alors nous pourrons mettre en place un système permanent."

La Commission entend faciliter l'accueil en Europe des personnes qui ont besoin de s'y réfugier ou qui peuvent contribuer à l'économie européenne, mais elle veut aussi aider les gouvernements à renvoyer chez eux les migrants qui ne répondent pas aux règles du droit d'asile.

"C'est essentiel pour que nos citoyens aient confiance dans notre système concernant les migrations", a affirmé l'ancien ministre grec des Affaires étrangères. Moins de la moitié des personnes dont la demande d'asile est rejetée sont actuellement expulsées, a-t-il fait remarquer. "Ce système-là ne peut pas marcher."

"Ceux qui ont besoin d'une protection internationale l'obtiendront. Mais les autres, qui n'ont pas besoin de cette protection, retourneront d'où ils viennent."

La Commission prépare ainsi une liste de pays "sûrs" dont les citoyens qui n'ont pu obtenir l'asile en Europe pourront être renvoyés selon une procédure accélérée.

(Avec Francesco Guarascio; Guy Kerivel pour le service français)