Nicolas Sarkozy met en garde ses rivaux et entre en campagne

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Ferme mise en garde de nicolas sarkozy a ses rivaux[reuters.com]
(Crédits : © Philippe Wojazer / Reuters)

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy entre dans l'arène avec une ferme mise en garde à ses rivaux pour l'investiture présidentielle de 2016 à droite, leur reprochant d'être "obsédés" par la primaire et de menacer les Républicains par des "affrontements internes stériles".

L'ancien chef de l'Etat, qui a observé un silence tactique en cette fin d'été alors qu'Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire, ses rivaux les plus sérieux, occupaient le terrain médiatique en exposant les premières mesures de leurs projets respectifs, en appelle à l'unité.

Un positionnement de rassembleur et de pacificateur en rupture avec l'image de "personnalité clivante" que renvoient les enquêtes d'opinion mais en ligne stratégique avec la primaire "ouverte" de l'opposition prévue en novembre 2016.

"Les Français ne comprendraient pas que nous leur donnions le sentiment d'être obsédés trop tôt par cette échéance", souligne-t-il dans une déclaration publiée sur son compte Facebook, pratiquement un an après avoir annoncé son retour en politique via cette même tribune.

"Si nous avons fait le choix d'organiser dans la clarté cette procédure, c'est pour éviter une confrontation interne permanente."

Nicolas Sarkozy, qui n'a toujours pas officialisé sa candidature à la primaire, insiste de nouveau sur la nécessité d'un projet d'alternance commun - les travaux débuteront en janvier 2016 -, engageant chacun des prétendants, alors même que ces derniers s'efforcent de faire valoir leurs différences auprès des électeurs de la droite et du centre.

"TRISTE SPECTACLE"

"La France est dans une situation trop grave pour s'épuiser dans des affrontements internes stériles. Rien ne devra empêcher la compétition naturelle qui départagera démocratiquement, le moment venu, les candidats de la droite et du centre. Mais elle devra se faire avec cette volonté de ne jamais mettre en péril cette exigence d'unité", insiste Nicolas Sarkozy.

"Nous devons veiller à ce que, quel que soit le candidat qui gagnera les primaires, notre famille politique affiche une position commune sur un ensemble de sujets essentiels", poursuit-il.

"Chaque candidat pourra choisir d'aller plus loin sur tel ou tel point. Mais nos électeurs attendent que nous nous rassemblions sur les sujets de fond."

Il fixe trois objectifs au parti d'opposition : consolider son unité, "engager la reconquête des régions perdues" depuis 2004 lors du scrutin de décembre, bâtir un projet commun avec "des réponses fortes et audacieuses".

Nicolas Sarkozy abandonne toutefois ses accents de "Sage" pour des attaques dignes d'une campagne présidentielle qui disent tout de sa soif de compétition et de revanche.

"Il y a aujourd'hui une nouvelle pensée unique qui voudrait nous dicter les débats qui seraient acceptables et ceux qui ne le seraient pas, les propositions qu'on peut entendre et celles qui n'ont pas leur place dans le débat", dit-il en précisant s'adresser à tous les Français "sans exclusive".

Cette pensée unique, écrit Nicolas Sarkozy, "nous devons la combattre parce qu'elle fait le jeu des extrêmes. Nous devons la rejeter parce qu'elle nourrit l'immobilisme".

Il dénonce au passage "le triste spectacle chaque fin d'été d'une majorité sans cap, sans chef, sans cohérence" et celui du Front national "englué dans la guerre de tranchées entre un père et sa fille, les états d'âme de la petite-fille, les règlements de compte entre lieutenants des deux camps".

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)