En Iran, PSA risque de se faire doubler... par Renault

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Psa face a la concurrence de renault en iran[reuters.com]
(Crédits : © Benoit Tessier / Reuters)

par Laurence Frost

PARIS (Reuters) - PSA Peugeot Citroën, premier constructeur européen en Iran jusqu'aux dernières sanctions internationales, rêve toujours d'y retrouver son rang mais se heurte à un concurrent plus sérieux prévu: son rival français Renault.

Dans le sillage de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, PSA négocie toujours, notamment avec le premier constructeur local Iran Khodro, la création d'une coentreprise qui produirait et commercialiserait des véhicules en Iran.

Mais Carlos Tavares, président du directoire du groupe français, avait reconnu fin juillet que les discussions étaient difficiles. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait déclaré au même moment que Téhéran avait une attitude plus positive vis-à-vis de Renault que de PSA, auquel il est reproché son retrait d'Iran dès 2012, au plus fort des sanctions qui ont frappé le pays.

Renault, qui n'a suspendu son activité en Iran qu'à la mi-2013 et négocie aussi un grand accord industriel avec Khodro, a également pour lui l'avantage de disposer d'une réserve de 560 millions de dollars qui est restée bloquée sur place.

Ce magot pourrait finalement lui donner une longueur d'avance pour financer ses projets, voire prendre une participation dans une entreprise iranienne, a dit une source du groupe.

"Notre stratégie est d'être le plus gros constructeur du pays", a dit une autre source chez Renault. "PSA a fait de nombreuses déclarations, mais il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué."

Autre atout du groupe allié à Nissan, ses plates-formes low cost et ultra low cost adaptées aux pays émergents alors que PSA ne devrait rien avoir d'équivalent avant 2019.

"Renault a la position la plus sûre parce qu'il a des plates-formes low cost qui ont récemment été modernisée. Aux yeux des Iraniens, c'est sans doute ce qui a le plus de valeur", commente Philippe Houchois, analyste chez UBS.

UN OBJECTIF DE 400.000 VENTES D'ICI 2020

Selon une source au fait de la stratégie de PSA, ce dernier prend la menace très au sérieux. Renault, avec son partenaire japonais, a été "le premier constructeur occidental à entrer au Myanmar" lors de l'ouverture de l'ex-Birmanie en 2013, observe-t-elle. "Ils sont très offensifs sur les marchés émergents."

L'Iran, où une délégation du Medef doit se rendre du 21 au 23 septembre, est le principal marché automobile du Moyen-Orient avec 80 millions de consommateurs et 1,1 million de véhicules vendus l'an dernier. Des analystes évaluent son potentiel à deux millions d'immatriculations par an.

Le pays, où PSA s'octroyait encore une part de marché de 29% en 2011, est particulièrement important dans la stratégie d'internationalisation du premier constructeur français, axée jusqu'ici surtout sur la Chine qui traverse un trou d'air.

"Des négociations sont en cours avec différents partenaires, dont Iran Khodro", s'est borné à déclarer un porte-parole de PSA. Renault a refusé de faire un commentaire.

En 2011, les ventes de PSA en Iran ont culminé à 458.000 véhicules et le groupe espère revenir à un niveau de 400.000 d'ici 2020, importations comprises. Des sources chez Renault ont indiqué que celui-ci estimait son propre potentiel de production locale au même niveau, alors qu'il y avait commercialisé 100.000 voitures en 2012.

La société de prévision automobile IHS estime que Renault pourrait atteindre 12% du marché automobile iranien d'après les sanctions en 2020, soit deux à trois points de plus que PSA.

(Gilles Guillaume pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)