L'austérité au coeur des élections législatives au Portugal

reuters.com  |   |  626  mots

par Axel Bugge

LISBONNE (Reuters) - La poursuite ou non des politiques d'austérité qui ont permis au Portugal de sortir d'un plan d'aide internationale l'an dernier sera sans nul doute le facteur clé des élections législatives de dimanche, dont la coalition gouvernementale de centre droit part favorite.

Alors que l'opposition socialiste a été pendant trois ans la favorite des sondages, la coalition du Premier ministre, Pedro Passos Coelho, a inversé la tendance cet été et a depuis creusé l'écart.

Selon deux enquêtes publiées jeudi, l'alliance formée par le Parti social-démocrate (PSD) de Passos Coelho et le Parti populaire (CDS-PP) est largement en tête dans les intentions de vote, avec six à douze points d'avance sur le Parti socialiste, ce qui lui laisse un faible espoir d'obtenir la majorité absolue des sièges sans laquelle il devra se résoudre à former un gouvernement minoritaire risquant l'impuissance.

Toute projection reste cependant délicate en raison du nombre élevés d'indécis (20 à 30% des électeurs) et de la baisse régulière du taux de participation, que les observateurs attribuent notamment au départ à l'étranger de centaines de milliers de Portugais fuyant la crise et le chômage.

Après des années de thérapie économique de choc, le Premier ministre sortant peut se targuer d'avoir extrait le Portugal de la crise de la dette qui avait conduit son prédécesseur socialiste à solliciter l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international en 2011.

Le Portugal a réussi à sortir du plan d'aide en mai 2014 et Pedro Passos Coelho s'efforce depuis de convaincre les électeurs que seule la stabilité permettra de mener à bien les réformes nécessaires pour améliorer leur quotidien, à commencer par la baisse du chômage.

"RÉALITÉ" CONTRE "DÉMAGOGIE"

"Personne n'échange la certitude contre l'incertitude", a martelé le chef du gouvernement pendant la campagne.

"Sans stabilité, il n'y a pas de confiance, sans confiance, pas d'investissements et sans investissements, pas de créations d'emploi", a-t-il argumenté en se présentant comme le chef d'un gouvernement "responsable" qui tient compte de la "réalité" face à la "démagogie" dont ferait preuve selon lui son adversaire socialiste, Antonio Costa.

Dans la dernière ligne droite avant le scrutin, le chef de file de l'opposition a tenté de convaincre les Portugais de se rendre aux urnes en leur promettant de desserrer les cordons budgétaires et de réduire les impôts pour améliorer leur pouvoir d'achat. "Chaque voix compte", a-t-il insisté pendant un meeting dans le nord de Lisbonne.

Mais le dirigeant socialiste a eu pendant toute la campagne du mal à se démarquer de mesures d'austérité que son parti avait acceptées en contrepartie du plan de renflouement avant de perdre les élections législatives de juin 2011.

Pour autant, l'inversion de tendance constatée ces dernières semaines pourrait ne pas suffire à la coalition au pouvoir pour atteindre le seuil de 44% des suffrages exprimés nécessaires pour obtenir la majorité absolue.

Les derniers sondages attribuent à l'alliance de centre droit 38 à 41% des intentions de vote, un scénario qui la contraindrait à former un gouvernement minoritaire dont la capacité à mener les réformes de fond nécessaires pour améliorer la compétitivité du pays suscite des interrogations, alors que celles-ci ont déjà pris du retard cette année.

En cas d'impasse, des élections législatives anticipées devraient être organisées, ce qui pourrait ouvrir une longue période d'instabilité et d'incertitude pour le Portugal, le chef de l'Etat n'étant pas habilité à dissoudre le Parlement pendant les six derniers mois de son mandat, qui s'achèvera en janvier.

(Tangui Salaün pour le service français, édité par Henri-Pierre André)