Un nouvel outil statistique pour mesurer l'insécurité

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Le ministere de l’interieur lance un nouveau service statistique[reuters.com]
(Crédits : © Benoit Tessier / Reuters)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement lance mardi un nouveau service statistique de la délinquance dans un souci de "fiabilité" sur des chiffres qui ont opposé ces dernières années gouvernement et opposition.

Ce service se veut la "clé de voûte" de la réforme promise en 2012 par Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, qui avait mis fin à la "politique du chiffre" de la précédente équipe de Nicolas Sarkozy.

De premières données seront diffusées dès mardi matin sur le site Inter Stats spécialement créé et qui sera accessible à tous.

Le nouveau Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSM) intègre les données enregistrées par la police et la gendarmerie mais "dans le champ labellisé de la statistique publique", ce qui n'était pas le cas jusqu'alors.

Il a pour mission de "garantir la sincérité, la fiabilité et la rigueur de la production des données statistiques" de l'Intérieur et "un accès transparent à tous" comme "peuvent l'être par exemple les statistiques économiques", avait déclaré le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, au début du mois.

Des experts et élus reprochaient à l'ancienne méthode de refléter plus l'activité des services -ce qui était sa vocation au départ- que le niveau de la délinquance.

Ils dénonçaient également le "bidouillage" récurrent des chiffres sous la pression de la hiérarchie policière.

Désormais, gendarmes et policiers n'ont plus à s'occuper des statistiques, qui se font automatiquement au moment de l'enregistrement des plaintes.

Mais les nouveaux chiffres ne refléteront pas l'ensemble de la réalité de l'insécurité, car seuls neuf domaines ont été retenus contre une quarantaine auparavant.

"Notre choix a été de ne diffuser que des chiffres fiables, représentatifs d'une tendance réelle", explique François Clanché, inspecteur général de l'Insee et chef du SSM.

En conséquence, les saisies de drogue ne seront pas publiées, faute de pouvoir dire si elles montrent une plus grande activité de la police ou des délinquants.

Les viols ne seront pas pris en compte non plus car "moins de 10% des victimes portent plainte", a ajouté François Clanché. Il en va de même des violences urbaines et du vandalisme.

Des criminologues ont estimé que même si le nouveau logiciel n'autorisait pas les mêmes marges d'erreur qu'auparavant, des policiers auraient toujours la possibilité de manipuler les chiffres, par exemple en classant un dépôt de plainte en main courante.

(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)