La gauche portugaise travaille à la formation d'un gouvernement

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(Crédits : Rafael Marchante)

LISBONNE (Reuters) - Le chef de file de l'opposition socialiste portugaise, Antonio Costa, s'est efforcé de rassurer les investisseurs, lundi, en assurant que le gouvernement de gauche qu'il pourrait être amené à former respecterait les engagements du Portugal, notamment en matière budgétaire.

La Bourse de Lisbonne a lourdement chuté lundi après que le Bloc de gauche, troisième force au parlement portugais issu des élections du 4 octobre, a estimé que les bases d'un accord de gouvernement avec le Parti socialiste étaient réunies.

La coalition de centre droit du Premier ministre sortant, Pedro Passos Coelho, est arrivée en tête du scrutin mais avec 104 élus, elle a perdu sa majorité absolue. Sur les 230 sièges du Parlement, les socialistes en ont 85, le Bloc de gauche 19 et les communistes 17, ce qui leur confère théoriquement cinq voix de plus que la majorité absolue.

A l'issue d'un entretien avec le chef de l'Etat, Anibal Cavaco Silva, lundi, Antonio Costa a dit travailler à la formation d'un gouvernement de gauche qui assouplirait la cure d'austérité infligée aux Portugais ces dernières années "tout en respectant les engagements internationaux du Portugal", dont le maintien du déficit budgétaire en dessous de 3% du PIB.

Le dirigeant socialiste doit s'entretenir à nouveau mardi avec Pedro Passos Coelho, qui a dit avoir transmis à son rival de nouvelles propositions visant à "faciliter un compromis" après l'échec des négociations de la semaine dernière entre les deux partis en vue de former un gouvernement d'union.

"POINTS DE CONVERGENCE"

A défaut d'un tel "compromis", dont il n'a pas précisé le contour, le Premier ministre sortant aurait besoin pour se maintenir aux affaires de l'appui ponctuel ou de l'abstention des socialistes.

Or, à en croire Catarina Martins, chef de file du Bloc de gauche, cette perspective s'est éloignée. "A compter d'aujourd'hui, a-t-elle dit, le gouvernement n'existe plus parce qu'il n'aura pas l'appui du Parlement, mais aussi parce qu'il y a une autre solution en accord avec les aspirations du peuple qui peut être l'alternative que le pays attend."

"Du point de vue du Bloc de gauche, les conditions sont réunies pour un consensus de base permettant la création d'un gouvernement", a-t-elle ajouté.

Plus prudent, Antonio Costa a parlé de "points de convergence" dans les programmes des deux formations, notamment en ce qui concerne l'augmentation du pouvoir d'achat.

"Les deux dernières rencontres ont été très, très bonnes et la dernière s'est déroulée de façon très intéressante, mais il est trop tôt pour dire si un accord est possible", a-t-il ajouté.

Les divergences entre le PS et l'extrême gauche restent toutefois profondes et de nombreux observateurs doutent qu'elles soient compatibles.

Lisbonne a par ailleurs informé l'Union européenne que le budget 2016 ne serait pas présenté avant la formation du nouvel exécutif. Les Etats membres sont censés soumettre les lignes directrices de leur loi de finances avant le 15 octobre.

(Andrei Khalip, Henri-Pierre André, Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français)