Robey Warshaw frappe encore avec la fusion AB Inbev-SABMiller

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LONDRES (Reuters) - Robey Warshaw, petite société de conseil créée il y a deux ans et ne comptant que neuf salariés, s'était fait un nom il y a six mois en conseillant le groupe gazier BG pour son rachat par Shell, une opération à 47 milliards de livres (64 milliards d'euros).

Elle récidive en étant le discret conseil de SABMiller, le numéro deux mondial de la bière qui, après quatre refus, a accepté mardi une offre d'achat nettement améliorée d'AB Inbev, le numéro un, pour 68 milliards de livres (92 milliards d'euros).

Ces deux opérations ont suffi à propulser la "boutique firm" londonienne au 13e rang du classement mondial des banques conseil en fusions-acquisitions (M&A), deux places devant HSBC, la première banque européenne qui compte 266.000 salariés et 180 ans d'existence.

Robey Warshaw tire sa force du flair et de l'épais carnet d'adresses de ses deux fondateurs - Simon Robey, ex-responsable des M&A chez Morgan Stanley et Simon Warshaw, ancien co-directeur de la banque d'investissement d'UBS - et aussi de leur capacité à dire non.

Dans le cas de SABMiller, Robey Warshaw a gagné la confiance du président du conseil d'administration Jan du Plessis, également président du groupe minier Rio Tinto, en lui conseillant l'an dernier de refuser une approche du concurrent Glencore.

Ce pouvoir de dire non et d'attendre la bonne opportunité, les "boutique firms" les tiennent de leur indépendance vis-à-vis des grandes banques. Les grands établissements, intéressés surtout par le financement des OPA qui leur rapporte beaucoup plus que la simple activité de conseil, ont en effet tout à perdre quand des approches ou des négociations de fusion n'aboutissent pas, explique Erik Gordon, enseignant à la Ross School of Business à l'université du Michigan.

En plus d'avoir conseillé l'an dernier à Rio Tinto de repousser les avances de Glencore, Robey Warshaw a aussi aidé le groupe pharmaceutique AstraZeneca à se défendre face aux appétits du géant américain Pfizer qui était prêt à mettre 118 milliards de dollars sur la table, avec la promesse de centaines de millions de dollars de commissions pour ses banques partenaires.

"Tout est question d'expérience, de jugement et de touche humaine", a dit une source proche de Robey Warshaw.

Selon les données Thomson Reuters, des "boutique firms" spécialisées ont travaillé sur 16 des 20 principaux accords de fusion-acquisition cette année, à commencer par Lazard qui est septième au classement mondial des M&A.

Parmi les plus petites figurent celle des frères Michael et Yoel Zaoui, qui ont conseillé Alcatel-Lucent pour son mariage avec Nokia pour un montant de 15,6 milliards d'euros.

(Freya Berry, Véronique Tison pour le service français)