Xi Jinping évoque un avenir radieux des relations avec Londres

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Xi jinping voit un avenir radieux entre la grande-bretagne et la chine[reuters.com]
(Crédits : © Pool New / Reuters)

par Elizabeth Piper et Michael Holden

LONDRES (Reuters) - Le président chinois Xi Jinping a salué "l'avenir radieux" des relations entre son pays et la Grande-Bretagne mardi à l'entame d'une visite dont l'enjeu économique est la conclusion d'accords pour un montant de 46 milliards de dollars et qui a été marquée par des manifestations de militants des droits de l'homme.

Les autorités britanniques ont déroulé le tapis rouge pour accueillir le chef de l'Etat chinois dont l'arrivée a été saluée par le tir de 41 coups de canons à Buckingham Palace.

Lors d'un banquet d'Etat mardi, la reine Elizabeth a qualifié cette visite de "moment important dans une année très spéciale" pour une relation qui doit "atteindre de nouveaux sommets ambitieux".

Le Premier ministre britannique David Cameron espère profiter de cette présence pour faire de son pays un partenaire privilégié de Pékin en Europe occidentale et obtenir des investissements dans les infrastructures, l'énergie nucléaire et les transformations envisagées pour le nord de l'Angleterre.

Décrite comme le début d'un "âge d'or" dans les relations sino-britanniques avec la signature prévue de nombreux contrats, cette visite de quatre jours est très critiquée par les défenseurs des droits de l'homme, qui accusent le Premier ministre conservateur David Cameron de fermer les yeux sur les abus commis en Chine.

Prenant la pose pour les photographes devant Buckingham Palace, plusieurs milliers de fans brandissaient des dragons rouges et jaunes et des portraits géants de Xi Jinping. Le président et son épouse, Peng Liyuan, doivent séjourner au palais de Buckingham, en tant qu'invités de la reine Elizabeth.

Alors que le président et numéro un du Parti communiste chinois (PCC) passait dans un carrosse doré tiré par des chevaux, plusieurs centaines de personnes manifestaient contre les violations des droits de l'homme en Chine. "A bas le Parti communiste", "Arrêtez la répression", lisait-on sur les pancartes.

Le chef de l'Etat chinois n'a paru prêter que peu d'attention à ces critiques et a expliqué devant les parlementaires que Chine et Grande-Bretagne pouvaient "certainement connaître un avenir encore plus radieux".

Lors du banquet d'Etat, au cours duquel étaient servis du turbot et du gibier sous les chandeliers dorés, Xi a estimé qu'"une relation grandissante entre la Chine et le Royaume-Uni pourrait bénéficier aux deux pays mais également au monde entier".

ACCORDS ATTENDUS

Cette visite de quatre jours est le point d'orgue d'une offensive de charme menée depuis trois ans par le ministre des Finances George Osborne qui avait expliqué sa stratégie en 2013: "la Chine est ce qu'elle est. Il faut être là-bas ou nulle part".

Londres attend de cette venue la conclusion de plus de 30 milliards de livres sterling d'accords avec à la clé la création de quelque 3.900 emplois.

L'accord essentiel porterait sur un projet de construction de quatre réacteurs nucléaires EPR à Hickley Point dans le sud-ouest de l'Angleterre avec le français EDF d'un montant de 16 milliards de livres sterling. L'accord prévoit une association avec les chinois GCN et CNNC sur le financement de deux réacteurs et permettrait à la Chine de faire une démonstration de son savoir-faire dans ce domaine.

David Cameron et son gouvernement ont souhaité laisser les droits de l'homme à l'arrière-plan de cette visite. La rencontre en 2012 du Premier ministre et du dalaï-lama avait suscité la colère de Pékin.

Londres estime que l'évocation discrète en privé de la question du respect des droits humains en Chine est plus efficace que de prendre Pékin à partie en public.

Douze lauréats du prix Nobel de la Paix ont adressé une lettre à David Cameron pour lui demander d'appeler publiquement à la libération de leur pair Liu Xiaobo et de son épouse Liu Xia, cette semaine lors de sa rencontre avec Xi Jinping.

Le nouveau chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, a pour sa part abordé cette question et celle de l'impact des importations de produits chinois bon marché sur l'industrie métallurgique britannique lors d'une rencontre "cordiale" avec le président Xi.

Le Prince Charles, fils d'Elisabeth II, n'a pas assisté au banquet donné mardi soir mais ce n'était pas pour snober le numéro un chinois, contrairement aux spéculations de certains médias, assurait-on dans l'entourage de la famille royale.

On souligne que l'héritier du trône, qui est proche du dalaï-lama, passera plus de temps avec le président Xi que n'importe quel autre membre de la famille royale.

Charles et son épouse Camilla devraient notamment recevoir Xi Jinping et Peng Liyuan à Clarence House, leur résidence londonienne pour y prendre le thé.

(Avec Ben Blanchard à Pékin; Danielle Rouquié pour le service français)