Exode dans la région d'Alep, où l'armée syrienne avance

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Offensive de l'armee syrienne dans la region d'alep[reuters.com]
(Crédits : Abdalrhman Ismail)

par John Davison

BEYROUTH (Reuters) - Plusieurs dizaines de milliers de Syriens fuient l'offensive des forces gouvernementales appuyée par l'aviation russe dans la région d'Alep et les organisations humanitaires craignent que la grande ville du Nord, qui comptait deux millions d'habitants avant la guerre, ne soit bientôt assiégée.

Après la suspension des négociations de Genève, annoncée mercredi en raison de cette offensive, l'armée syrienne et les milices chiites qui lui prêtent main forte semblent décidées à obtenir une victoire majeure sur le plan militaire.

L'entrée en lice de l'aviation russe, fin septembre, a fait basculer le rapport de force en leur faveur. En 24 heures, les forces fidèles à Bachar al Assad ont encerclé totalement les campagnes au nord d'Alep et coupé les voies d'approvisionnement des rebelles qui tiennent une partie de la ville.

"L'Onu a vérifié qu'au moins 15.000 personnes fuient le nord de la ville d'Alep et que des dizaines de milliers d'autres se trouvent à la frontière avec la Turquie", a dit un porte-parole des Nations unies dans un courrier électronique. Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a confirmé ce chiffre.

Des images de télévision montrent des milliers de personnes, essentiellement des femmes, des enfants et des gens âgés, massés au poste frontière turc de Bab el Salam, à 50 km au nord d'Alep.

"Il semble que le siège d'Alep soit sur le point de commencer", a averti David Evans, membre de l'organisation humanitaire américaine Mercy Corps, selon lequel la route entre la ville et la frontière turque est désormais coupée elle aussi.

"Les bombardements russes continuent jour et nuit. Il y a eu plus de 250 frappes aériennes en un jour dans ce secteur", a quant à lui déclaré à Reuters Hassan Hadj Ali, chef d'une aile de l'Armée syrienne libre (ASL) appelée Lioua Soukour al Djabal, formée par des conseillers américains au Qatar et en Arabie saoudite.

"Le régime cherche maintenant à étendre la zone dont il s'est emparé. Les campagnes du nord (de la province d'Alep) sont complètement encerclées et la situation humanitaire est très difficile", a-t-il déploré.

L'ARMÉE AVANCE AUSSI DANS LE SUD

Selon Al Manar, la chaîne de télévision du Hezbollah, l'armée et les milices progouvernementales se sont emparées de Ratyan, localité proche des villages qu'elles ont pris mercredi.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé cette prise jugée "symbolique" mais Hassan Hadj Ali assure que la ville résiste toujours. Les forces progouvernementales, ajoute-t-il, sont essentiellement composées "d'Iraniens, de membres du Hezbollah et d'Afghans".

Un général iranien du corps des gardiens de la Révolution et six volontaires de la force paramilitaire Bassidj ont été tués dans des combats en Syrie, a rapporté l'agence de presse iranienne Tasnim.

Les forces gouvernementales et leurs alliés progressent également dans le Sud et se sont emparés vendredi d'Ataman, près de Deraa, ajoute Al Manar.

L'Otan a de son côté accusé Moscou d'aggraver le conflit en intensifiant ses bombardements. Côté russe, on dit craindre qu'Ankara ne prépare une incursion militaire en Syrie.

Selon l'ambassadeur de Russie à Genève, l'armée syrienne combat des "extrémistes" à Alep, notamment les islamistes du Front al Nosra, et la délégation de l'opposition syrienne qui était en Suisse en début de semaine aurait dû se réjouir de cette offensive au lieu de quitter les négociations,

"Le Front al Nosra est une organisation terroriste, cataloguée comme telle par le Conseil de sécurité de l'Onu. C'est une branche d'Al Qaïda. L'opposition (syrienne) devrait être heureuse de voir les terroristes vaincus. Au lieu de cela, elle a fait part de sa déception et a quitté les négociations", a déclaré Alexeï Borodavkine.

A Ryad, le ministère de la Défense a fait savoir que l'Arabie saoudite était prête à participer à des opérations terrestres en Syrie si la coalition conduite par les Etats-Unis décide d'en mener.

(Avec Suleiman al-Khalidi, Humeyra Pamuk, Parisa Hafezi et Tom Miles; Nicolas Delame et Jean-Philippe Lefief pour le service français)