L'Onu demande à la Turquie d'ouvrir ses frontières aux Syriens

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La situation des civils d'alep inquiete l'onu[reuters.com]
(Crédits : Rodi Said)

par Stephanie Nebehay et Tom Miles

GENEVE (Reuters) - Les Nations unies, qui s'inquiètent pour les civils d'Alep, la grande ville du nord-ouest de la Syrie, ont demandé mardi aux autorités turques d'ouvrir leurs frontières aux dizaines de milliers de réfugiés syriens qui ont déjà fui l'offensive lancée au début du mois par les forces gouvernementales.

William Spindler, porte-parole du Haut Commissaire de l'Onu pour les Réfugiés (HCR), a déclaré que l'agence onusienne comprenait les inquiétudes d'Ankara sur un nouvel afflux possible de réfugiés dans un pays qui héberge déjà plus de 2,5 millions de Syriens ayant fui la guerre.

"Néanmoins, un grand nombre de gens ne sont pas autorisés à franchir la frontière. Nous demandons à la Turquie, ainsi qu'elle l'a déjà fait, d'ouvrir sa frontière à tous les civils qui fuient le danger en Syrie et qui nécessitent une protection internationale", a-t-il ajouté.

D'après les autorités turques, quelque 70.000 réfugiés syriens pourraient gagner la zone frontalière si l'offensive militaire se poursuit dans la région d'Alep. Le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, a déclaré mardi que son pays ne fermerait pas ses portes à ses réfugiés.

L'Onu redoute en outre que plusieurs centaines de milliers de civils se retrouvent privés de nourritures dans Alep si les forces gouvernementales syriennes, appuyées par l'aviation russe et leurs alliés iraniens, parviennent à encercler les quartiers de la ville toujours contrôlés par les insurgés.

La bataille d'Alep, naguère la ville la plus peuplée de Syrie avec deux millions d'habitants, apparaît comme l'un des tournants du conflit qui entrera le mois prochain dans sa sixième année.

"Si le GoS (gouvernement syrien) et ses alliés coupent la dernière voie permettant de sortir de l'est d'Alep, jusqu'à 300.000 personnes résidant toujours dans la ville seront coupées de l'aide humanitaire à moins que des sauf-conduits puissent être négociés", a prévenu le bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) dans un communiqué.

En outre, si les forces gouvernementales syriennes poursuivent leur progression, entre 100.000 et 150.000 civils pourraient fuir la ville, ajoute Ocha qui s'appuie sur les estimations de conseils locaux.

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a annoncé de son côté qu'il avait commencé à distribuer des rations alimentaires à Azaz, ville syrienne située à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Alep et à une demi-douzaine de kilomètres seulement de la frontière turque, qui fait déjà face à un nouvel afflux de réfugiés.

(avec Daren Butler à Ankara; Henri-Pierre André pour le service français, édité par Nicolas Delame)