Raids et bombardements font des dizaines de morts à Alep

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Les quartiers d'alep tenus par les rebelles bombardes[reuters.com]
(Crédits : Abdalrhman Ismail)

BEYROUTH (Reuters) - Au moins vingt-sept personnes, dont trois enfants, ont été tuées dans le bombardement de l'hôpital Al Qods situé dans un quartier de la ville d'Alep tenu par les rebelles en Syrie, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), jeudi.

Cette attaque a coûté la vie au dernier pédiatre qui travaillait dans la ville et à deux autres médecins, ajoute l'organisation basée à Londres.

Trente autres civils ont péri par la suite dans une nouvelle vague de raids aériens sur les quartiers rebelles, a déclaré un secouriste. L'OSDH parle d'au moins vingt morts dans ces frappes.

Dans les zones de la ville tenues par les forces loyalistes, des tirs de mortier ont fait au moins 14 morts, ajoutent l'OSDH et l'agence de presse syrienne officielle Sana.

Cette brusque intensification des violences place la grande ville du nord de la Syrie au bord du désastre humanitaire, a dit à Genève le Comité international de la Croix-Rouge.

"Où que l'on soit, on entend des explosions de mortiers, des bombardements et des avions qui survolent la ville", souligne Valter Gros, le responsable du CICR à Alep, dans un communiqué diffusé par l'organisation internationale.

"Aucun quartier de la ville n'est épargné. Les habitants prennent des risques en permanence. Tout le monde craint pour sa vie", ajoute Valter Gros.

SITUATION "CATASTROPHIQUE"

Jan Egeland, qui préside le groupe de travail humanitaire des Nations unies en Syrie, a qualifié la situation à Alep de "catastrophique".

"Je ne peux pas exprimer à quel point tout pourrait se jouer dans les prochaines heures ou les prochains jours", a-t-il dit après une réunion à Genève avec les membres du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG).

"La détérioration catastrophique de la situation à Alep au cours des dernières 24 à 48 heures, également dans certaines parties de la région de Homs, a été relatée en direct aujourd'hui aux membres de l'ISSG (...). Personne ne doutait de la gravité de la situation", a ajouté Jan Egeland.

Dans un communiqué transmis par le Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a condamné "avec la plus grande fermeté" le bombardement de l'hôpital Al Qods.

"Face aux violations de plus en plus graves de la cessation des hostilités, j'en appelle à la tenue dans les meilleurs délais d'une réunion des ministres de l'ISSG", a-t-il dit.

"Il est également indispensable que le Conseil de sécurité des Nations unies renforce rapidement la protection des personnels médicaux et infrastructures de santé dans les zones de conflit. La France est particulièrement mobilisée et appelle à l'adoption, dans les tout prochains jours, du projet de résolution à l'élaboration duquel elle a pleinement contribué", ajoute le chef de la diplomatie française.

Alep est au coeur d'une escalade militaire depuis le 22 avril qui a contribué à saper les négociations de paix organisées sous l'égide des Nations unies à Genève.

Le Haut Comité des Négociations (HCN), principal organe représentatif de l'opposition syrienne, a suspendu sa participation la semaine dernière aux pourparlers en raison de l'intensification des combats sur le terrain.

140 MORTS EN SIX JOURS

Mercredi, l'envoyé spécial de l'Onu Staffan De Mistura, qui supervise les discussions de Genève, a estimé que l'accord de cessation des hostilités entré en vigueur le 27 février dernier était pratiquement à l'agonie.

L'ONG Médecins sans frontières (MSF), qui soutenait l'hôpital Al Qods, a précisé que l'établissement avait été détruit par une frappe aérienne directe.

Bebars Michal, membre de la Défense civile d'Alep, a déclaré à Reuters que 40 personnes avaient péri dans la destruction d'un immeuble de cinq étages situé à côté de l'hôpital.

La télévision publique syrienne a rejeté les informations imputant à Damas la responsabilité de l'attaque sur l'hôpital et une source militaire syrienne a affirmé que l'aviation gouvernementale n'était pas intervenue dans les zones où des raids ont été signalés.

Le ministère russe de la Défense, qui supervise des frappes aériennes en Syrie en soutien du président Bachar al Assad, allié de Moscou, n'a pu être joint pour un commentaire. Moscou a plusieurs fois démenti toucher des cibles civiles en Syrie.

Selon l'OSDH, les raids aériens dans les quartiers d'Alep sous contrôle rebelle ont coûté la vie à 91 personnes au cours des six jours écoulés, tandis que les bombardements rebelles sur les zones tenues par le gouvernement ont fait 49 morts.

Staffan de Mistura, qui tente de maintenir sur les rails les négociations indirectes de paix menées à Genève, a prévu de se rendre à Moscou la semaine prochaine.

(Lisa Barrington et Tom Perry, avec Suleiman al Khalidi et John Davison; Pierre Sérisier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)