En Allemagne, AfD prône l'interdiction des minarets et de la burqa

reuters.com  |   |  514  mots

par Tina Bellon

STUTTGART (Reuters) - Les délégués réunis à Stuttgart pour le congrès du parti anti-immigration AfD (Alternative pour l'Allemagne) ont apporté dimanche leur soutien à un manifeste électoral proclamant que l'islam n'est pas compatible avec la Constitution fédérale et appelant à une interdiction des minarets et de la burqa.

AfD, parti lancé voici trois ans seulement, a été porté par la crise migratoire en Europe, qui a vu l'arrivée de plus d'un million de réfugiés, pour l'essentiel musulmans, en Allemagne l'année dernière. Ce parti ne compte pas de députés au Bundestag mais est représenté d'ores et déjà dans la moitié des 16 assemblées régionales du pays.

Les sondages créditent AfD de 10 à 14% d'intentions de vote, ce qui représente un défi de taille pour les conservateurs de la chancelière Angela Merkel, mais aussi pour les autres partis traditionnels, dans l'optique des élections législatives de septembre 2017. L'ensemble des partis traditionnels excluent une coalition avec AfD.

Lors d'un débat animé au second et dernier jour de congrès, bon nombre des 2.000 délégués ont acclamé dimanche les appels lancés à la tribune en faveur de mesures contre les "symboles musulmans du pouvoir" et ont sifflé un appel au dialogue avec les musulmans d'Allemagne.

"L'islam nous est étranger et pour cette raison, ses tenants ne peuvent pas invoquer le principe de liberté de culte au même degré que le christianisme", a déclaré sous des applaudissements nourris Hans-Thomas Tillschneider, élu AfD au Landtag de Saxe-Anhalt, l'un des Länder de la partie est de l'Allemagne.

APPEL AU DIALOGUE SIFFLÉ

Pour Angela Merkel, la liberté de culte est garantie à tous en vertu de la Loi fondamentale (constitution) allemande; la chancelière a affirmé à plusieurs reprises que l'islam faisait partie de l'Allemagne.

Samedi, quelque 2.000 manifestants d'extrême gauche ont tenté de perturber le déroulement du congrès et se sont heurtés aux forces de l'ordre. Environ 500 personnes ont été brièvement interpellées et dix policiers ont été légèrement blessés, a déclaré un porte-parole des forces de l'ordre.

Le chapitre du programme d'AfD concernant les musulmans est titré "L'islam ne fait pas partie de l'Allemagne". Le programme électoral exposé dimanche préconise l'interdiction des minarets et de la burqa.

Lors des débats de dimanche, un délégué qui réclamait une meilleure compréhension à l'égard des musulmans s'est attiré des huées et des sifflets nourris.

"Je demande à tout un chacun d'aller à la rencontre de la communauté musulmane locale et d'engager un dialogue", a plaidé Ernst-August Röttger, délégué de Lünebourg dans le nord du pays.

L'Allemagne compte près de quatre millions de musulmans, soit 5% de sa population totale, qui avoisine les 80 millions.

Une bonne partie des musulmans d'Allemagne sont originaires de Turquie, mais ceux qui sont arrivés l'an dernier viennent surtout de zones de conflits comme la Syrie, l'Irak et l'Afghanistan.

(avec Michael Nienaber; Eric Faye pour le service français)