Donald Trump désormais seul en course chez les républicains

reuters.com  |   |  839  mots

par Ginger Gibson et Alana Wise

INDIANAPOLIS, Indiana (Reuters) - Donald Trump a implacablement remporté mardi soir la primaire de l'Indiana, poussant ses deux derniers rivaux, le sénateur du Texas Ted Cruz et le gouverneur de l'Ohio John Kasich, à jeter l'éponge et à reconnaître implicitement sa victoire dans la course à l'investiture républicaine.

Avec cette nouvelle victoire, plus rien ne semble pouvoir s'opposer à ce que le milliardaire new-yorkais qui n'a jamais assumé de fonction élective porte les couleurs du Grand Old Party lors de l'élection présidentielle du 8 novembre aux Etats-Unis. Une perspective à laquelle la classe politique et les commentateurs ne prêtaient aucun crédit lorsqu'il s'est lancé dans la course, en juin dernier.

L'homme d'affaires a annoncé mercredi que le nom de son colistier, appelé à devenir vice-président en cas de victoire, serait annoncé avant la convention républicaine de Cleveland prévue du 18 au 21 juillet. John Kasich ne fait pas partie des personnalités susceptibles de figurer sur son "ticket", a précisé Trump.

Ted Cruz espérait rebondir dans l'Indiana après la douche froide de la semaine dernière, quand Trump s'était imposé dans les cinq Etats du Nord-Est qui étaient appelés à désigner leurs délégués en vue du rendez-vous de Cleveland.

Mais les résultats sont sans appel: avec plus de 53% des voix, Trump relègue le sénateur ultraconservateur du Texas à plus de 16 points derrière lui (moins de 37%). John Kasich obtient quant à lui 7,5% des suffrages.

UNIR ET MOBILISER

Après des primaires parfois violentes, il appartient désormais à Donald Trump de rassembler autour de son nom et de réconcilier les composantes du Parti républicain.

Il lui faudra sans doute en faire davantage pour faire oublier les propos sexistes et outranciers qui ont émaillé sa campagne et ses propositions radicales concernant l'immigration.

"Nous devons tous nous unir et nous mobiliser" pour battre Clinton, a lancé Reince Priebus, président du Comité national républicain, sur Twitter.

Mardi soir, lors d'un discours prononcé depuis sa "Trump Tower" de Manhattan, Donald Trump a célébré une "victoire extraordinaire" et rendu hommage à Cruz, un "adversaire coriace" qui, a-t-il dit, "a un grand avenir" devant lui.

Il a également lancé un appel à l'unité du parti en vue du scrutin de novembre. "Nous allons chasser Hillary Clinton", a-t-il dit. "Elle ne sera pas une grande présidente, elle ne sera pas une bonne présidente, elle sera une mauvaise présidente. Elle ne comprend pas le commerce."

Dans la primaire démocrate, alors que les premiers résultats très partiels donnaient l'ex-secrétaire d'Etat et ex-sénatrice de New York en tête, la tendance s'est renversée et son rival Bernie Sanders s'est imposé avec près de 53% des voix.

Avec cette victoire, le sénateur du Vermont continue de résister à Hillary Clinton, qui reste néanmoins en tête en vue de la convention de Philadelphie.

"C'est le 18e Etat que nous remportons et nous tablons sur davantage de victoires dans les semaines à venir", a réagi Sanders. "L'équipe de Clinton pense que cette campagne est terminée. Ils se trompent", a-t-il ajouté.

CRUZ PREND DATE POUR L'AVENIR

Face à ses partisans, entouré de son épouse, de sa mère et de sa colistière, Carly Fiorina, Ted Cruz a déclaré qu'il ne voyait plus de "voie viable vers la victoire".

"Nous avons donné tout ce que nous avions. Mais les électeurs ont choisi une autre voie et c'est donc avec le coeur lourd mais un optimisme sans limite pour l'avenir à long terme de notre nation que nous suspendons notre campagne", a-t-il dit.

Agé de 45 ans, ce fils d'un émigré cubain s'était lancé le premier dans la campagne, dès le mois de mars 2015, et avait remporté le 1er février les caucus de l'Iowa, coup d'envoi du marathon électoral.

Mais cette figure de la droite ultraconservatrice, qui a bataillé au Congrès contre l'administration Barack Obama, se refusant à tout compromis bipartisan au risque assumé de bloquer les agences fédérales, n'a pas été en mesure de stopper la déferlante Donald Trump.

Cruz a cependant pris date pour l'avenir. "Je ne suspends pas notre combat pour la liberté", a-t-il pris le soin de préciser.

Privé de toutes chances d'obtenir la majorité des délégués de Cleveland, John Kasich a attendu mercredi pour annoncer la suspension de sa campagne après avoir longuement espéré une convention "ouverte" ou "négociée", où aucun candidat n'aurait la majorité requise parmi les délégués. Les jeux auraient alors été ouverts.

Avant l'Indiana, où 57 délégués étaient en jeu, le dernier décompte de l'agence Associated Press créditait Trump de 996 délégués contre 565 pour Cruz. La convention républicaine de Cleveland réunira 2.472 délégués, il en faudra 1.237 pour s'assurer l'investiture.

(avec Emily Flitter; Henri-Pierre André et Nicolas Delame pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)