La justice demande une enquête contre Dilma Rousseff et Lula

reuters.com  |   |  484  mots
Demande d'une enquete contre dilma rousseff et lula[reuters.com]
(Crédits : © Ueslei Marcelino / Reuters)

BRASILIA (Reuters) - Le procureur général du Brésil a demandé à la Cour suprême d'ouvrir une enquête visant la présidente Dilma Rousseff qu'il soupçonne d'obstruction à la justice, resserrant encore un peu plus l'étau autour de la chef de l'Etat.

Dilma Rousseff risque en outre d'être suspendue de ses fonctions dès la semaine prochaine, dans le cadre de la procédure de destitution ouverte par le Congrès pour infraction aux règles budgétaires.

Un sénateur, Antonio Anastasia, a recommandé mercredi qu'elle soit jugée, dans un rapport à la commission sénatoriale chargée de décider s'il y a lieu de poursuivre ou non la procédure. Le Sénat votera le 11 mai.

Concernant le volet corruption, Dilma Rousseff a accusé un ancien sénateur de sa propre formation politique, le Parti des travailleurs, d'être à l'origine de la requête du procureur.

"Si une enquête est ouverte, je suis certaine qu'elle montrera que le sénateur Delcidio do Amaral a menti une fois de plus", a dit Dilma Rousseff.

La Cour suprême a annoncé que le procureur Rodrigo Janot avait émis une requête similaire contre son prédécesseur et mentor, Luiz Inacio Lula da Silva, et contre des ministres et des proches collaborateurs de l'actuelle présidente, dont le chef du cabinet civil Jaques Wagner, le ministre chargé des affaires législatives Ricardo Berzoini et son porte-parole Edinho Silva.

Le procureur général avait déjà réclamé la veille l'ouverture d'une enquête contre le sénateur d'opposition Aecio Neves.

Ces enquêtes s'inscrivent dans le cadre du scandale tentaculaire autour de rétrocommissions versées par la compagnie pétrolière publique Petrobras et viennent alourdir encore un peu plus le climat politique alors que le Sénat doit se prononcer à son tour sur la procédure de destitution engagée contre Rousseff.

D'après le quotidien Estado de S. Paulo, le procureur général reproche à Lula d'être impliqué dans un mécanisme visant à acheter le silence d'un ancien cadre dirigeant de Petrobras.

Des dizaines de dirigeants du secteur des BTP ont été accusés d'avoir systématiquement manipulé par des ententes préalables les appels d'offre lancés par le géant pétrolier, surfacturé leurs services et utilisé les sommes ainsi récupérées pour corrompre des membres de la classe politique.

L'Estado de S.Paulo dit s'être procuré des documents de justice. La procédure est couverte par le secret de l'instruction et aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès du parquet brésilien.

La fondation Lula a répliqué en affirmant que le procureur Janot n'avait présenté rien d'autre qu'une hypothèse sans preuve.

(Maria Carolina Marcello et Caroline Stauffer; Henri-Pierre André et Nicolas Delame pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)