Le pape dit que les migrants ne sont pas des délinquants

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Le pape francois defend les migrants [reuters.com]
(Crédits : © Stefano Rellandini / Reuters)

par Philip Pullella

CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape François a fustigé vendredi une Europe "fatiguée" et repliée sur elle-même et a appelé ses dirigeants à ne pas considérer les migrants comme des délinquants.

Le chef de l'Eglise catholique s'exprimait au Vatican où une cérémonie était organisée pour lui remettre le prix Charlemagne, attribué chaque année par la ville d'Aix-la-Chapelle aux personnes qui ont le plus contribué aux idéaux de la construction européenne.

"Que t'est-il arrivé, Europe humaniste, paladin des droits de l'homme, de la démocratie et de la liberté ? Que t'est-il arrivé, Europe terre de poètes, de philosophes, d'artistes, de musiciens, d'hommes de lettres ?", a lancé le souverain pontife devant la chancelière allemande Angela Merkel et d'autres dirigeants d'institutions européennes

"Que t'est-il arrivé, Europe mère de peuples et de nations, mère de grands hommes et de grandes femmes qui ont su défendre et donner leur vie pour la dignité de leurs frères ?", s'est-il interrogé.

Il parle d'"une Europe fatiguée et vieillie, stérile et sans vitalité, où les grands idéaux qui ont inspiré l'Europe semblent avoir perdu leur force attractive ; une Europe en déclin qui semble avoir perdu sa capacité génératrice et créative.

"Une Europe qui est en train de 'se retrancher' au lieu de privilégier des actions qui promeuvent de nouveaux dynamismes dans la société ; des dynamismes capables d'impliquer et de mettre en mouvement tous les acteurs sociaux (groupes et personnes) dans la recherche de solutions nouvelles aux problèmes actuels."

CRÉER DES COALITIONS

La volonté d'unité semble s'étioler, a dit François qui a estimé que ceux qui voulaient ériger des barrières entre les pays trahissaient le rêve des pères fondateurs de l'Europe moderne.

"Je rêve d'une Europe qui prend soin de l'enfant, qui secourt comme un frère le pauvre et celui qui arrive en recherche d'accueil parce qu'il n'a plus rien et demande un refuge. (...) Je rêve d'une Europe où être migrant ne soit pas un délit", a déclaré le pape.

Jorge Mario Bergoglio a évoqué la nécessité de mettre en place des "coalitions, non plus uniquement militaires ou économiques mais culturelles, éducatives, philosophiques, religieuses. Des coalitions qui mettent en évidence que, derrière beaucoup de conflits, le pouvoir de groupes économiques est souvent en jeu."

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a rappelé que le pape était revenu de Grèce le mois dernier avec trois familles de réfugiés syriens, soit 12 personnes.

"Quand vous prenez 12 réfugiés syriens, en proportion de la population du Vatican, c'est plus que pour aucun Etat membre de l'Union européenne", a dit le président de la CE au chef du Vatican. "Vous remplissez nos coeurs d'un nouveau courage."

(Danielle Rouquié pour le service français)