BRASILIA (Reuters) - Une commission du Sénat brésilien a recommandé vendredi le renvoi devant la justice de la présidente Dilma Rousseff, dans le cadre de la procédure qui devrait conduire à sa suspension la semaine prochaine.
Les membres de la commission se sont prononcés par 15 voix contre cinq. Si leur recommandation est approuvée comme prévu lors de la séance plénière, mercredi, la présidente, soupçonnée d'avoir falsifié les comptes publics pour faciliter sa réélection en 2014, sera immédiatement relevée de ses fonctions et le vice-président Michel Temer assurera l'intérim.
Les députés brésiliens ont entériné le 17 avril à une très large majorité la procédure de destitution de la présidente.
"Je résisterai jusqu'au dernier jour", a déclaré la présidente brésilienne qualifiant la procédure engagée contre elle de "coup d'Etat".
Lors d'une manifestation au cours de laquelle elle présentait un projet immobilier à loyers modérés, Dilma Rousseff a répété qu'elle n'avait commis aucune irrégularité et qu'elle ne démissionnerait pas de son poste.
Les chances de la présidente de demeurer en fonction sont de plus en plus minces même si la destitution pour devenir effective doit être entérinée par le Sénat à la majorité qualifiée des deux tiers.
Les enquêtes de la presse locale montrent que l'opposition dispose de 50 des 54 votes requis. Une dizaine de sénateurs n'ont pas encore fait connaître leur position définitive mais la plupart d'entre eux seraient enclins à voter pour le départ de Rousseff.
Si la présidente était destituée, Michel Temer assurerait la fin du mandat présidentiel qui s'achève en 2018.
L'ambiance était morose au palais présidentiel vendredi bien qu'un conseiller ait affirmé que le personnel n'avait pas encore commencé à préparer son départ. "Il ne fait pas de doute qu'il faut commencer à organiser les choses", a-t-il pourtant reconnu.
Les partisans de Dilma Rousseff au sein de la commission sénatoriale ont demandé l'annulation de la procédure de destitution en faisant valoir que le président de la chambre des députés, Eduardo Cunha, à l'origine de la procédure lancée l'an passé, avait été destitué jeudi par la Cour suprême pour obstruction à la justice dans une enquête pour corruption le visant.
La Cour suprême a pour l'instant rejeté tous les demandes du gouvernement afin d'éteindre la procédure de destitution de Dilma Rousseff.
(Anthony Boadle, Jean-Philippe Lefief pour le service français)