Le nouveau gouvernement libyen en quête de soutien à Vienne

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Le gouvernement libyen rencontre les puissances occidentales a vienne[reuters.com]
(Crédits : Leonhard Foeger)

par Lesley Wroughton et John Irish

VIENNE (Reuters) - Le gouvernement d'unité nationale libyen soutenu par les Nations unies a rencontré lundi à Vienne les puissances occidentales et régionales pour rechercher leur soutien au moment où il tente d'établir son autorité sur un pays divisé entre factions armées et menacé par les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI).

A son arrivée à la conférence ministérielle, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a reconnu qu'il était encore impossible de dire si le gouvernement d'accord national (GNA), qui est arrivé sous haute protection à Tripoli le 30 mars, serait à même de mettre fin au chaos qui règne en Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011.

"La question décisive est de savoir si la Libye, directement sur la frontière sud de l'Europe, restera un lieu où le terrorisme, le trafic criminel d'êtres humains et l'instabilité continueront de se répandre ou si le GNA et nous serons en mesure de rétablir la stabilité et l'Etat de droit", a-t-il dit à la presse.

"C'est une question ouverte pour le moment", a-t-il ajouté.

A l'ouverture des discussions, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est entretenu avec le Premier ministre libyen Fayez Seraj, dont le gouvernement est censé supplanter les deux administrations rivales, l'une implantée à Tripoli dans l'Ouest, l'autre à Tobrouk dans l'Est, qui se disputent depuis plus d'un an la légitimité du pouvoir.

Les factions qui opèrent dans l'ouest de la Libye lui ont apporté leur soutien, mais le Parlement de Tobrouk n'a pas encore exprimé sa position.

Les deux camps rivaux sont à la tête de brigades armées qui se combattent pour le pouvoir et pour le contrôle des installations pétrolières. Ce chaos a profité à l'EI qui a pris pied dans le pays ainsi qu'aux réseaux de passeurs qui monnaient la traversée de la Méditerranée auprès des migrants et réfugiés.

ASSISTANCE MILITAIRE

C'est à cette situation que doivent remédier Fayez Seraj et son gouvernement.

"Je pense qu'ils demanderont une assistance militaire", a déclaré un haut responsable américain avant l'ouverture des discussions co-présidées par les Etats-Unis et l'Italie.

"Nous voulons assister à un effort national coordonné contre Daech et nous voulons une sécurisation du territoire et des frontières maritimes (de la Libye", a-t-il ajouté.

Ce même représentant de l'administration américaine a dit également espérer que la réunion de Vienne "montrerait que la communauté internationale est alignée sans ambiguïté derrière le GNA en tant que bénéficiaire de toute assistance sécuritaire à la Libye".

"Nous attendons des Libyens qu'ils s'engagent sur les prochaines étapes à venir en matière de sécurité et que les pays participants s'engagent en retour à les aider."

Barack Obama a exclu d'envoyer des troupes terrestres de combat mais le Washington Post a affirmé la semaine dernière que des membres des forces spéciales américaines étaient déployés depuis la fin de l'année dernière dans deux avant-postes, l'un dans l'Est près de Benghazi, l'autre dans l'Ouest près de Misrata, pour rallier des forces en vue d'une éventuelle offensive de l'Etat islamique.

Les Etats-Unis ont par ailleurs mené des frappes aériennes contre des cibles de l'EI en Libye.

Des conseillers militaires français et britanniques opèrent également en Libye, selon des sources dans ces trois pays. Paris et Londres ont néanmoins exclu toute intervention militaire directe.

(Henri-Pierre André pour le service français)