Escalade verbale de Donald Trump contre Hillary Clinton

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Trump multiplie les attaques personnelles contre clinton[reuters.com]
(Crédits : Jonathan Ernst)

par Ginger Gibson et Jonathan Allen

WASHINGTON/NEW YORK (Reuters) - Donald Trump multiplie les attaques personnelles contre Hillary Clinton avec l'objectif de monopoliser l'attention des médias sans dépenser trop d'argent.

Le futur candidat du Parti républicain s'emploie ainsi à annihiler l'avantage financier probable que l'ex-secrétaire d'Etat, favorite du camp démocrate, affichera lors du duel annoncé en vue du scrutin du 8 novembre.

Donald Trump utilise la même stratégie que celle qu'il a déployée avec succès contre ses rivaux républicains, qui se sont retirés un à un de la course à l'investiture, le laissant seul en lice avant la convention du GOP en juillet.

La technique est simple: prononcer des déclarations incendiaires auxquelles les réseaux de télévision américains ne résisteront pas, faire les gros titres gratuitement pendant plusieurs heures et placer l'adversaire sur la défensive.

"Il est évident qu'elle (Hillary Clinton) aura d'énormes sommes d'argent", explique Corey Lewandowsi, directeur de campagne de Donald Trump. "La différence est que M. Trump finance lui-même sa campagne. Ce que nous avons réussi dans cette séquence de campagne, c'est de gagner l'attention des médias grâce à la capacité de M. Trump à parler vrai, et je pense que c'est ce qui détermine le cycle de l'information."

Parmi les dernières salves tirées par l'homme d'affaires, une accusation de viol à l'encontre de Bill Clinton, époux de Hillary, remontant aux années 1970 ainsi que le suicide d'un conseiller de l'ancien président en 1993.

Donald Trump est un expert dans l'art de ressortir de vieilles histoires qui n'ont pourtant plus de mystère. Il n'a eu de cesse de réclamer pendant des années un certificat de naissance de Barack Obama, même si l'état civil atteste de la naissance du président à Hawaï.

THÉORIES COMPLOTISTES

Dans une vidéo publiée par l'équipe Trump sur internet, des femmes accusent Bill Clinton de viol ou de harcèlement sexuel et Hillary Clinton y est suspectée d'avoir aidé à ce que ces femmes gardent le silence. L'équipe de l'ex-secrétaire d'Etat a rejeté des accusations infondées et orientées.

Puis dans une interview au Washington Post, Donald Trump a laissé entendre que les époux Clinton pourraient être impliqués dans la mort de Vince Foster en 1993, un ancien conseiller de Bill et ami de Hillary.

Pas moins de cinq enquêtes, dont l'une conduite par le procureur républicain Kenneth Starr, ont conclu à un suicide de Vince Foster dans un parc de Virginie et Trump faisait allusion à des théories complotistes relayées depuis des années par la presse à sensation ou par des livres écrits par des ennemis déclarés de l'ancienne sénatrice.

Ces déclarations n'en ont pas moins placé Hillary Clinton sur la défensive.

"Clinton passe moins de temps à faire campagne pour l'avenir et plus de temps qu'elle ne le souhaiterait à expliquer le passé", estime l'experte en sondages Kellyanne Conway, qui dirigeait un comité de soutien au sénateur du Texas Ted Cruz, l'un des derniers rivaux républicains de Trump.

L'équipe de campagne de Clinton et les "super PAC" (comités de soutien) qui l'appuient ne seront pas dépourvus de moyens pour repousser les attaques du milliardaire et lancer les leurs.

AUCUNE MORALE, AUCUN SCRUPULE

A la fin avril, Hillary Clinton affichait 30 millions de dollars sur son compte de campagne, contre 2 millions pour Trump. Et le PAC qui la soutient et peut lever des fonds en quantité illimitée disposait de 46 millions à la même date, une somme qui devrait croître pendant l'été. Le PAC dédié à Trump vient à peine de se mettre en place.

Hillary Clinton pourra aussi compter sur une armée de porte-parole pour combattre le magnat de l'immobilier sans avoir à répondre elle-même.

Donald Trump a déjà prouvé qu'il pouvait briser ses adversaires sans dépenser beaucoup d'argent, en les catégorisant à coup de surnoms ou de phrases chocs auprès des électeurs.

Jeb Bush, qui avait un avantage supérieur à 100 millions de dollars avant le début des primaires républicaines, n'a jamais réussi à effacer l'image d'homme faible assénée par son rival.

"Donald Trump a complètement changé la dynamique de la vie politique", estime Jim Manley, un stratège démocrate qui soutient Hillary Clinton. "Il n'a absolument aucune morale ni aucun scrupule. Descendre dans le caniveau avec lui est une perte de temps absolue."

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)