Air France : l'affaire de la chemise déchirée devant la justice

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Cinq ex-salaries d'air france devant les juges[reuters.com]
(Crédits : © Charles Platiau / Reuters)

BOBIGNY, Seine-Saint-Denis (Reuters) - Le procès des cinq ex-salariés d'Air France poursuivis pour violences aggravées lors du comité central d'entreprise du 5 octobre 2015 s'est ouvert vendredi devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Le 5 octobre, le directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, et un responsable de l'activité long-courrier, Pierre Plissonnier (tous deux présents à l'audience vendredi) avaient été pris à partie par des salariés furieux après l'annonce de 2.900 suppressions de postes.

Les images montrant ces dirigeants fuyant les manifestants, chemise arrachée et costume déchiré, ont fait le tour du monde. D'autres cadres avaient été molestés et des vigiles blessés.

Le Premier ministre, Manuel Valls, avait immédiatement dénoncé des comportements de "voyous" et demandé des sanctions "lourdes" pour leurs auteurs.

Quinze personnes au total sont poursuivies dans ce dossier. Dix autres prévenus, ainsi que l'un des cinq, doivent en effet répondre de dégradations en réunion. Ils sont accusés d'avoir dégradé le portail d'accès au siège de la société.

Tous les prévenus sont adhérents à la CGT, sauf un, membre de Force ouvrière, précise-t-on de source syndicale.

La CGT, engagée dans un bras de fer avec le gouvernement contre la loi Travail, dénonce une "stratégie de criminalisation de l'action syndicale". Certains de ses membres ont commencé à se rassembler en début de matinée en contrebas du palais de justice de Bobigny en soutien aux employés poursuivis.

LA CGT DÉNONCE UN PROCÈS POLITIQUE

Le syndicat, qui attend 1.000 personnes à ce rassemblement, demande l'arrêt des poursuites et la réintégration des salariés licenciés. Quatre des cinq employés poursuivis pour violences en réunion ont en effet été licenciés par Air France.

Le licenciement du cinquième, seul délégué syndical, est pendant devant le ministère du Travail, après que l'inspection du Travail s'y fût opposée. Le ministère devrait se prononcer sur son cas d'ici vendredi prochain.

Devant le tribunal, les cinq hommes encourent jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende.

"C'est un procès politique", a dénoncé avant l'ouverture des débats Miguel Fortea, secrétaire général de la CGT Air France. "On ne se laissera pas intimider."

Les parties civiles espèrent quant à elles que le procès s'attachera à juger l'affaire pour ce qu'elle est, "c'est-à-dire des violences extrêmement graves, dans un contexte de tension avec des mouvements de foule", comme l'a indiqué à la presse Me Fanny Colin, qui représente un agent de sécurité malmené.

Il ne faut pas "faire de ce procès un combat syndical ou politique", a-t-elle ajouté.

"Air France et l'ensemble des parties civiles sont des victimes dans cette affaire et la justice pénale doit pouvoir les reconnaître comme telles", a de son côté déclaré Franck Raimbault, directeur juridique social de la compagnie aérienne.

Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, est attendu devant le tribunal correctionnel de Bobigny en début d'après-midi, a-t-on appris de source syndicale.

(Chine Labbé, édité par Emmanuel Jarry)