Démission du négociateur en chef de l'opposition syrienne

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Allouche, negociateur de l'opposition syrienne, demissionne en signe de protestation[reuters.com]
(Crédits : © Denis Balibouse / Reuters)

AMMAN (Reuters) - Mohamed Allouche, le négociateur en chef de l'opposition syrienne, a annoncé sa démission dimanche pour protester contre l'enlisement des discussions de paix de Genève.

Ces discussions indirectes menées sous l'égide de l'Onu n'ont permis ni de trouver une solution politique, ni d'alléger les souffrances des Syriens qui vivent dans les villes assiégées ni de procéder à la libération des prisonniers, déclare Mohamed Allouche, qui est aussi le chef du puissant groupe rebelle Djaïch al Islam et son représentant au Haut Comité des négociations (HCN).

Le HCN, basé en Arabie saoudite, a été mis sur pied par l'opposition avec le soutien des puissances occidentales. Il a quitté Genève fin avril pour protester contre la détérioration de la situation sur le terrain, notamment à Alep. Il refuse de reprendre les discussions en l'absence d'amélioration.

Aucune date n'a été fixée pour la reprise des pourparlers.

Les négociations, dit Mohamed Allouche dans une déclaration adressée à Reuters, sont une "perte de temps" dans la mesure où aucune des demandes de l'opposition n'a été acceptée.

Il dit ne pas s'attendre à une reprise des discussions tant que le gouvernement syrien restera intransigeant et qu'il ne sera pas prêt à entrer dans des "négociations sérieuses".

Le gouvernement syrien ne reconnaît pas le droit du HCN à s'exprimer au nom de l'opposition. Il estime qu'il est un instrument des puissances étrangères qui cherchent à renverser le président Bachar al Assad. Le gouvernement syrien considère Mohamed Allouche comme un "terroriste".

Sa démission a été acceptée lors d'une réunion à Ryad, la capitale saoudienne, sous la direction du coordinateur en chef du HCN, Riad Hidjab. La réunion avait été convoquée pour faire le point sur les négociations de paix.

Parallèlement, l'opposition syrienne basée en Turquie et affilée au HCN a appelé les soutiens étrangers du HCN à renforcer leur aide militaire aux groupes rebelles modérés de l'Armée syrienne libre (ASL).

De la sorte, dit cette opposition de Turquie, les combattants de l'ASL pourront reconquérir Rakka, la capitale autoproclamée par l'Etat islamique en Syrie.

En revanche, l'opposition critique l'armement et l'entraînement accordées par les Etats-Unis aux Forces démocratiques de Syrie (FDS) dont la principale composante sont les milices kurdes YPG, parce que, dit-elle, ils poursuivent leurs objectifs propres.

Avec l'aide des forces spéciales américaines et appuyées par des groupes tribaux arabes, les FDS ont lancé la semaine dernière une opération au nord de Rakka. Ils ont aussi repris une série de villages autour de Aïn Issa, localité située à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Rakka.

Le chef de la délégation de l'opposition à Genève, Asaad al Zoubi, un ancien général de l'armée syrienne, a déclaré à la chaîne de télévision al Hadass, qu'il voulait lui aussi être relevé de ses fonctions au HCN mais n'a pas confirmé être passé aux actes.

(Suleiman Al Khalidi avec Ahmed Tolba au Caire; Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français)