Le président turc accuse Moscou d'armer le PKK

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Le president turc accuse la russie d'armer le pkk[reuters.com]
(Crédits : Sertac Kayar)

ANKARA (Reuters) - Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a accusé la Russie de fournir des armes antiaériennes et des roquettes aux combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont déclaré lundi des responsables gouvernementaux, confirmant des informations de la presse turque.

S'adressant à la presse à bord de son avion à l'issue d'une visite dans le sud-est de la Turquie au cours du week-end, le chef de l'Etat a accusé Moscou de transférer des armes au PKK via l'Irak et la Syrie, a rapporté le journal Star.

"Actuellement, des terroristes utilisent des armes antiaériennes et des missiles fournis par la Russie. L'organisation terroriste séparatiste est équipée de telles armes. Elles lui ont été livrées via la Syrie et l'Irak", a-t-il dit.

L'"organisation terroriste séparatiste" est la formule utilisée par le gouvernement turc pour le PKK, déclaré hors la loi, et qui mène depuis 1984 une insurrection contre le pouvoir turc dans le sud-est du pays.

Deux responsables gouvernementaux turcs ont confirmé que le chef de l'Etat avait bien porté ces accusations contre Moscou.

La Russie, qui est intervenue militairement pour soutenir le régime de Bachar al Assad en Syrie, a dit à plusieurs reprises fournir des armes à la milice kurde YPG, émanation syrienne du PKK, elle-même en conflit avec certains groupes insurgés dans le nord du pays.

Les relations entre Ankara et Moscou se sont fortement dégradées depuis que la chasse turque a abattu l'an dernier un chasseur-bombardier russe opérant en Syrie, qu'elle a accusé d'avoir pénétré dans son espace aérien.

Lundi, le vice-Premier ministre turc, Numan Kurtulmus, a néanmoins tenu des propos beaucoup plus apaisants que ceux d'Erdogan au sujet des liens avec Moscou.

"Ni La Russie, ni la Turquie ne peuvent se permettre de sacrifier leur relation commune", a déclaré Numan Kurtulmus, qui est aussi porte-parole du gouvernement, pendant une conférence de presse. "J'aurais souhaité que de telles tensions n'apparaissent jamais mais je pense que les relations turco-russes peuvent s'améliorer d'ici peu. Il n'y a aucun problème entre nos deux pays qui ne puisse être surmonté. J'espère que ces questions pourront être réglées par le dialogue."

La Turquie et la Russie étaient jusqu'à l'an dernier d'importants partenaires commerciaux et avaient de grands projets communs de développement dans les domaines pétrolier et gazier.

(Orhan Coskun et Ece Toksabay, avec Ercan Gurses à Ankara et Seda Sezer à Istanbul, Eric Faye et Tangi Salaün pour le service français)