Le transport aérien freiné par la sécurité et la conjoncture

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BERLIN (Reuters) - La demande de transport aérien de passagers a augmenté en avril à son rythme le plus lent depuis janvier 2015, après les attentats de Bruxelles, selon des données de l'Association internationale du transport aérien (Iata) publiées lundi.

Bien que les compagnies aériennes profitent des bas prix du kérosène, la faiblesse de la conjoncture et la baisse des tarifs fragilisent un secteur dont les marges sont déjà faibles.

La demande a augmenté de 4,6% au mois d'avril à la suite des attentats de Bruxelles fin mars, qui ont tué 16 personnes, selon les chiffres publiés par l'Iata.

Le renforcement de la sécurité devrait figurer en tête des questions qui seront abordées lors de la réunion annuelle de l'Iata prévue du 1er au 3 juin à Dublin.

Les compagnies aériennes font par ailleurs l'objet de pressions en faveur d'une baisse de leurs émissions de dioxyde de carbone et leurs dirigeants discuteront des propositions de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) d'un mécanisme de marché mondial visant à réduire ces émissions.

Le secteur est pour un schéma unique plutôt qu'une série de mécanismes différents selon les régions, a dit le directeur général de l'Iata, Tony Tyler, à la presse avant la réunion.

Une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et les élections américaines sont également des sujets de préoccupation, les transporteurs aériens européens ayant déjà dit qu'un "Brexit" pourrait freiner la demande de billets.

Les tarifs ont baissé d'environ 4% début 2016 et devraient baisser encore, selon l'Iata qui regroupe près de 260 compagnies du monde entier représentant 83% du trafic aérien mondial.

"Il y a une augmentation assez importante de capacité malgré un environnement de baisse des prix, notamment de la part des compagnies européennes historiques, et je m'attendais à plus de discipline sur ce plan", note le consultant du secteur John Strickland.

Delta Air Lines, IAG et Lufthansa figurent parmi les grandes compagnies ayant revu en baisse leurs projets de croissance pour tenter de freiner la baisse des prix.

Tony Tyler, qui assistera à sa dernière réunion de l'Iata en tant que directeur général avant de céder la place à Alexandre de Juniac, PDG sortant d'Air France-KLM, doit présenter les perspectives de résultats du secteur jeudi.

La dernière prévision de l'Iata annonçait des bénéfices nets record de 36,3 milliards de dollars (32,58 milliards d'euros) en 2016 - avec une marge nette de 5,1% - dont la moitié a été réalisée par les compagnies aériennes d'Amérique du Nord.

Quoi qu'il en soit, Jonathan Wober, analyste chez CAPA-Centre for Aviation, s'attend à ce que les marges du secteur augmentent cette année grâce à la baisse des cours du pétrole.

"La demande reste globalement vigoureuse mais il y a une incertitude croissance au niveau macroéconomique, avec des révisions en baisse des prévisions de PIB au niveau mondial et des tensions géopolitiques", dit-il.

(Victoria Bryan, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Patrick Vignal)