Manifestation anti-Fujimori au Pérou

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Des milliers de peruviens manifestent contre keiko fujimori[reuters.com]
(Crédits : Mariana Bazo)

LIMA (Reuters) - Des milliers de Péruviens ont manifesté mardi soir à Lima contre la perspective de voir Keiko Fujimori élue à la tête du pays à la faveur du second tour de la présidentielle, ce dimanche. Son adversaire, le centriste Pedro Pablo Kuczynski, a renoncé in extremis à participer au rassemblement.

Au premier tour, le 10 avril, la candidate du parti de droite Force populaire est arrivée nettement en tête, avec près de 40% des voix, loin devant Kuczynski, qui a réuni 22% environ des suffrages.

Mais la fille de l'ex-président Alberto Fujimori, qui purge une peine de 25 ans de prison pour atteintes aux droits de l'homme et corruption, polarise la société dans un pays où le souvenir du coup d'Etat que son père, élu en 1990, a mené deux ans plus tard avec l'aide de l'armée reste vif.

Mardi soir, ils étaient au moins 40.000 à s'être rassemblés contre Keiko Fujimori. "Jamais plus de Fujimori" ou "Non à un narco-Etat", pouvait-on lire sur les banderoles brandies par la foule. Les manifestants qualifient Fujimori de menace contre la démocratie. Ils l'accusent de vouloir marcher dans les pas de son père et, si elle est élue, de rétablir une pratique autoritariste du pouvoir.

Après avoir annoncé qu'il se joindrait à eux, Kuczynski a finalement déclaré devant la presse qu'il lui semblait "antidémocratique" de se mêler à une manifestation contre sa rivale.

"Je considère que cette manifestation est juste, que ses principes sont justes, mais si je m'y rends, cela donnera l'impression que je ne veux pas que cette élection ait lieu, et je crois que ce serait une erreur de ma part", a expliqué l'ancien Premier ministre et ex-économiste de la Banque mondiale, âgé de 77 ans.

Difficile de dire comment ce virage à 180° sera interprété par les Péruviens. En renonçant à défiler avec le collectif "anti-Keiko", Kuczynski pourrait rassurer les électeurs conservateurs qu'inquiètent les manifestations. Mais il risque aussi de s'aliéner les adversaires les plus radicaux de Fujimori et d'alimenter les critiques sur son indécision présumée, peu conforme avec son ambition de présider le pays.

Dans les sondages, Fujimori, 41 ans, qui se présente comme la mieux à même de combattre la criminalité, a creusé l'écart sur son rival en dépit des révélations sur un de ses proches. Joaquin Ramirez, secrétaire général de Force populaire, est accusé d'implications dans des affaires de trafic de drogue et de blanchiment d'argent. Un sondage Ipsos publié dimanche lui donne plus de six points d'avance sur son adversaire.

(Mitra Taj et Marco Aquino; Henri-Pierre André pour le service français)