La succession de Cameron s'organise, Johnson fait débat

reuters.com  |   |  713  mots
Le successeur de david cameron sera designe en septembre[reuters.com]
(Crédits : © Peter Nicholls / Reuters)

par Elizabeth Piper et Kylie MacLellan

LONDRES (Reuters) - Le futur Premier ministre britannique, à qui David Cameron a annoncé qu'il laisserait le soin de concrétiser la décision des électeurs sur le Brexit, sera désigné dès septembre, a annoncé lundi le Parti conservateur.

"Nous recommandons que le processus d'élection d'un nouveau dirigeant du Parti conservateur puisse commencer la semaine prochaine (...) et se conclure au plus tard le vendredi 2 septembre", a expliqué Graham Brady, président de la "commission 1922" chargée d'organiser le succession de David Cameron. Le Premier ministre, au pouvoir depuis 2010, a annoncé au lendemain du référendum son intention de démissionner.

"Aussi bien les Conservateurs que le pays, plus généralement, veulent vraiment des certitudes. Nous souhaiterions une solution et nous pensons que ce serait une bonne chose de conclure ce processus aussi vite que possible en pratique", a déclaré Brady sur Sky News.

Il ne devrait pas y avoir de nouvelles élections législatives avant que la Grande-Bretagne ne négocie les conditions de sa sortie du bloc européen, a-t-il ajouté.

La bataille pour la succession a commencé jusque parmi les proches de Cameron, et ce dernier a appelé ses ministres à travailler ensemble en attendant la nomination.

Plusieurs députés conservateurs ont exhorté les candidats à s'accorder rapidement sur un nom, et à limiter la campagne sur la succession afin d'éviter d'accentuer des divisions déjà très marquées pendant la campagne pour le référendum. "A l'heure actuelle, une primaire n'est pas dans l'intérêt de notre pays", a dit la ministre du Développement international Justine Greening.

Ancien maire de Londres et chef de file du camp du Brexit, Boris Johnson est le plus en vue dans les paris pour succéder à Cameron, mais il soulève une forte opposition au sein des Tories. Partisans d'un "Tout sauf Boris", certains cadres estiment que sa décision de soutenir la sortie du Royaume-Uni de l'UE a constitué une trahison à l'encontre de son ancien allié David Cameron, simplement motivée par ses vues sur le 10 Downing Street.

Un sondage YouGov paru lundi le donne également devancé par la ministre de l'Intérieur, Theresa May, parmi l'électorat conservateur.

LES CANDIDATS EN PLACE

Un temps pressenti, le ministre des Finances George Osborne a annoncé lui qu'il n'était pas candidat. Dans une tribune à paraître dans The Times, le chancelier de l'Echiquier, qui a fait campagne pour le "Remain" (maintien dans l'UE), souligne qu'il n'est pas l'homme de la situation pour ramener de l'unité dans les rangs du Parti conservateur.

En revanche, Stephen Crabb, ministre du Travail et des Retraites, envisage lui de se porter candidat, a rapporté lundi Sky News citant des sources non identifiées. Il devait sonder dans la soirée les parlementaires conservateurs avec l'aide de son collègue du Commerce, Sajid Javid, qui a milité comme lui pour le maintien au sein de l'Union européenne et briguerait les Finances, précise la chaîne.

Le ministre de la Santé, Jeremy Hunt, est lui aussi susceptible de briguer la succession, rapporte lundi soir sur Twitter l'éditeur politique du magazine du Spectator. Dans une lettre ouverte que publie le Daily Telegraph, il estime qu'un deuxième référendum pourrait avoir lieu si Bruxelles autorise la Grande-Bretagne à contrôler totalement ses frontières.

Interrogé sur la possibilité d'un second référendum, Cameron a dit que le résultat du vote de jeudi devait être accepté.

Un de ses porte-parole a en outre annoncé qu'il ne soutiendrait aucun candidat en particulier.

Cameron met au contraire l'accent sur la nécessité d'unir le gouvernement comme le pays, et a annoncé qu'il avait créé un corps indépendant composé de fonctionnaires chargés de conseiller la Grande-Bretagne dans sa transition vers un futur hors de l'UE.

"Il s'agit clairement de la tâche la plus grande et la plus complexe que la fonction publique britannique aura à entreprendre depuis des décennies. C'est pourquoi cette nouvelle unité siégera au coeur du gouvernement et sera dirigée et pourvue par les meilleurs et les plus brillants fonctionnaires de toute notre fonction publique", a-t-il dit au Parlement.

(Julie Carriat pour le service français, édité par Henri-Pierre André)