Manuel Valls propose aux députés de "crever l'abcès" du Brexit

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Manuel valls veut crever l'abces du brexit[reuters.com]
(Crédits : Jacky Naegelen)

PARIS (Reuters) - Manuel Valls a estimé mardi qu'il fallait "crever l'abcès" du vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne et averti que le Royaume-Uni ne devait pas s'attendre à jouir d'un régime de faveur s'il voulait garder l'accès au marché unique.

Lors de l'ouverture d'un débat sur les conséquences du Brexit devant les députés français, le Premier ministre a plaidé pour un discours de fermeté à l'égard de Londres, qui doit, a-t-il dit, actionner "le plus tôt possible" la clause de retrait.

"L'heure n'est plus à la prudence diplomatique, il faut crever l'abcès", a déclaré Manuel Valls, pour qui le résultat du référendum de jeudi dernier ne concerne pas le seul Royaume-Uni mais révèle un "malaise des peuples" européens.

L'Europe était suspendue au vote britannique depuis l'annonce par David Cameron de l'organisation d'un référendum sur l'avenir du Royaume-Uni dans l'UE, a-t-il rappelé.

"Nous avons fait preuve de patience et de compréhension (...) L'entre-deux, l'ambiguïté, ne sont plus possibles", a dit le Premier ministre. "Soit on sort, soit on reste dans l'Union (...) Ce n'est pas le Parti conservateur britannique qui doit imposer son agenda."

Et si les Britanniques veulent garder un accès au marché unique, il faudra qu'ils respectent "l'intégralité" de ses règles, a ajouté Manuel Valls.

Au-delà du cas britannique, il a de nouveau plaidé pour une nouvelle étape de la construction européenne, avec une nouvelle méthode, pour "inventer une nouvelle Europe" et "retrouver les sources de l'adhésion au projet européen".

Il s'est efforcé de répondre aux inquiétudes de l'opinion publique, en assurant par exemple qu'il n'était pas question d'accepter en l'état le projet d'accord de partenariat entre l'Union européenne et les Etats-Unis.

"Nous ne pouvons pas ouvrir plus grandes les portes de notre marché aux entreprises américaines, alors qu'elles continuent à barrer l'accès aux nôtres", a-t-il expliqué.

Il a aussi lancé une mise en garde contre l'image d'une Europe "punitive, acquise aux thèses ultra-libérales et à l'austérité budgétaire", car "c'est cela que (les) citoyens rejettent". Des citoyens qui ne comprendraient pas, selon lui, que le seul message de la Commission européenne soit dans les prochains jours de sanctionner l'Espagne ou le Portugal.

"La suite de l'histoire n'est pas écrite et l'Europe a le choix", a-t-il conclu. "Soit elle refuse de changer profondément et les peuples continueront de la fuir. L'Europe alors sortira de l'Histoire. Soit elle est prête à se réformer, à agir avec et pour les peuples dans le respect de chacun et l'intérêt de tous. Alors elle saura regagner le coeur des Européens."

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)