Les Européens pressent les Britanniques d'engager le Brexit

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(Crédits : Phil Noble)

BRUXELLES (Reuters) - Les dirigeants européens réunis mardi à Bruxelles ont pressé les Britanniques d'engager la procédure de sortie de l'Union européenne sans tergiverser, après le vote en faveur du Brexit exprimé par leur peuple lors du référendum de jeudi dernier.

Seul le gouvernement britannique peut invoquer l'article 50 du traité de Lisbonne formalisant ce retrait, ce qui ouvrira une négociation d'une durée pouvant aller jusqu'à deux ans pour organiser la sortie du pays de l'Union.

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a réaffirmé lundi qu'il laisserait à son successeur, qui sera désigné en septembre, le soin d'enclencher le processus de sortie.

"La Grande-Bretagne quittera l'Union européenne, mais je souhaite que le processus qui y mène soit aussi constructif que possible ; j'espère aussi que l'issue pourra être elle aussi constructive que possible", a-t-il déclaré mardi à Bruxelles.

François Hollande a dit à son arrivée au Conseil européen qu'il convenait d'engager "le plus vite possible la procédure de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et ensuite engager les négociations qui suivront".

Pour y parvenir, les Européens doivent faire preuve de "conviction", a-t-il dit, en estimant que "la position de la France, je n'en doute pas, sera la position qui sera retenue au niveau de l'Union européenne".

"Je n'imagine pas un gouvernement britannique quel qu'il soit ne pas respecter le choix de son propre peuple", a poursuivi le président français.

Quitter l'Union européenne, "c'est douloureux, notamment au Royaume-Uni (...) mais lorsque le peuple vote, où que ce soit, dans la démocratie, il faut respecter les choix et respecter le suffrage universel", a-t-il ajouté.

UN DÉLAI QUI INQUIÈTE

Le délai imposé par David Cameron inquiète des pays comme la France et les institutions européennes, qui craignent la prolongation de la période d'incertitude, d'autant plus que des scénarios alternatifs commencent à naître.

Jeremy Hunt, ministre britannique de la Santé et possible candidat à la succession de David Cameron, a évoqué un deuxième référendum sur l'appartenance à l'Union si Bruxelles autorise la Grande-Bretagne à contrôler totalement ses frontières.

"Aussi, avant de lancer le compte à rebours, nous devons négocier un accord et le soumettre au peuple britannique, soit avec un référendum, soit à travers le programme conservateur dans le cadre d'élections générales", a-t-il expliqué.

La chancelière allemande Angela Merkel a assuré à son arrivée au Conseil "qu'il n'y aurait pas de discussions formelles ou informelles avant que la Grande-Bretagne ait déclenché l'article 50".

Cette position a été affirmée par les dirigeants de la France, de l'Allemagne et de l'Italie lundi à Berlin.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a, lui, déclaré que "l'Europe est prête à commencer la procédure de divorce dès aujourd'hui, sans enthousiasme comme vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas le scénario dont nous rêvions".

France, Allemagne et Italie - pays fondateurs de la Communauté européenne et les plus peuplés - sont également convenus lundi de la nécessité de relancer l'UE dans le domaines de la sécurité, de la croissance, ainsi que de l'harmonisation fiscale et sociale dans la zone euro.

"Nous proposerons demain aux chefs d'Etat et de gouvernement et aux institutions européennes de lancer un processus, selon un calendrier strict et un ensemble précis d'engagements", ont-ils annoncé dans une déclaration commune, qui évoque un sommet des Vingt-Sept en septembre pour adopter des projets.

(Jean-Baptiste Vey, avec la rédaction européenne de Reuters, édité par Yves Clarisse)