Varsovie et Prague critiquent vivement la Commission européenne

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(Crédits : © Agencja Gazeta / Reuters)

VARSOVIE (Reuters) - La direction de la Commission européenne devrait démissionner car elle n'a pas été en mesure de préserver l'unité de l'Union européenne, après la décision des Britanniques de s'en retirer, a estimé mardi le chef de la diplomatie polonaise, Witold Waszczykowski.

Selon lui, certaines prérogatives de la Commission européenne devraient être transférées au Conseil européen, qui, contrairement à la Commission, dispose d'un mandat démocratique.

Le gouvernement polonais, constitué de membres du parti eurosceptique PiS (Droit et justice), est en délicatesse avec Bruxelles sur plusieurs questions comme la Cour constitutionnelle, la politique climatique, les coupes claires prévues dans la forêt ancestrale de Bialowieza ou encore sur la politique migratoire.

"D'ordinaire, en politique, en cas d'échec d'un projet politique -- et ici, le projet politique est de préserver l'unité européenne -- quelqu'un doit changer les règles du jeu ou confier à d'autres politiciens le soin d'améliorer ce projet", a dit le ministre polonais.

"Nous nous demandons si la direction de la Commission européenne, qui voici quelques mois appelait les politiciens à cesser d'écouter leur électorat, est habilitée à rester en fonctions(...)", s'est interrogé Witold Waszczykowski.

"A notre avis, elle ne l'est pas", a-t-il ajouté. "De nouveaux visages politiques, de nouveaux commissaires devraient se charger du travail, et avant toute chose, nous devons accorder de nouvelles prérogatives au Conseil européen, car il est composé de représentants politiques qui ont un mandat démocratique", a poursuivi le chef de la diplomatie polonaise.

PRAGUE POUR UNE COMMISSION AUX POUVOIRS RÉDUITS

De son côté, le Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, a joint sa voix à celles qui, en Europe centrale ou orientale, appellent à réduire les pouvoirs de la Commission européenne, dans la foulée du référendum britannique.

"Il faut changer le fonctionnement global de l'UE et je pense qu'il est nécessaire de changer celui de la Commission européenne", a dit Bohuslav Sobotka à Bruxelles, où il participe à un Conseil européen mardi et mercredi.

"Les Etats membres doivent constituer le moteur de changements positifs au sein de l'UE (...). Je serais très heureux que la Commission contribue davantage à trouver des compromis au sein de l'UE", a-t-il continué.

"J'aimerais que la Commission respecte davantage les décisions du Conseil européen", a-t-il dit en faisant allusion aux chefs d'Etat et de gouvernement qui prennent part aux sommets européens.

"Si nous décidons qu'il n'y a pas de consensus, par exemple sur un mécanisme permanent et obligatoire concernant (le partage des) réfugiés, il est impossible que la Commission n'en tienne pas compte".

S'adressant mardi devant une session extraordinaire du Parlement européen, Jean-Claude Juncker, le patron de la Commission européenne, a assuré qu'il ne démissionnerait pas, malgré le référendum britannique et les spéculations sur sa santé, relayées par certains médias.

"Je ne suis ni fatigué ni malade", a-t-il dit. "Je lutterai jusqu'au bout en faveur d'une Europe unie".

(Martin Göttig, Eric Faye pour le service français)