Hollande sans regrets et au combat contre la droite pour 2017

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Francois hollande ne regrette rien et attaque la droite[reuters.com]
(Crédits : © Stephane Mahe / Reuters)

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Je ne regrette rien : tel est en substance le message délivré par François Hollande dans le quotidien Les Echos de jeudi, où il déroule un programme économique et renoue avec les joutes politiques en ciblant les "dangereux" projets de la droite.

Les propos du président socialiste, tombé à 12% dans le dernier baromètre TNS Sofres du Figaro Magazine, éclairent ses ambitions pour l'élection présidentielle de 2017, qui sera assortie d'une primaire à gauche.

Il ne renie rien du bilan des quatre premières années de son quinquennat et dément avoir trahi ses promesses électorales, comme le lui reproche régulièrement la "gauche de la gauche".

"La trahison, c'eût été de laisser le pays dans l'état où je l'ai trouvé. Je m'en expliquerai devant les Français autant que nécessaire", dit-il en déclinant la feuille de route de la dernière année de son quinquennat.

Moins d'une semaine après le coup de tonnerre de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, le président affirme avoir pris la mesure de la crise, analysée au sommet européen de Bruxelles où les Vingt-Sept ont adopté une ligne ferme à l'égard des Britanniques.

"Plus brève sera la période d'incertitude sur la place du Royaume-Uni dans l'Europe, plus limitées seront les conséquences du Brexit sur l'activité", explique-t-il après une période d'intense activité diplomatique pour sortir de la crise.

Ironie de l'Histoire, l'homme qui avait proclamé "mon adversaire, c'est la finance" début 2012 au Bourget envisage de rendre la place de Paris "plus attractive" alors que l'avenir de la City de Londres semble compromis par le "Brexit".

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Marc Ayrault, promet une prise de conscience de l'opinion sur la réalité de l'action présidentielle.

"Je crois que le regard va changer et que lorsque nous arriverons au début de la campagne présidentielle, qu'on remettra les compteurs à zéro (...) on verra que la France a finalement beaucoup changé, dans la bonne direction, et on verra qui peut faire face aux crises et qui peut conduire la France pour l'avenir", a-t-il dit sur France 2.

"SUR LE RING"

L'entourage du président décrit un François Hollande qui "assume totalement ce qu'il a fait et est prêt à le défendre aussi longtemps qu'il le faudra".

"Il est à l'aise, totalement sur le ring, prêt à en découdre avec la droite et l'extrême droite", ajoute un proche.

De fait, le président attaque de front dans les Echos les projets au ton "brutal" et "surtout inadaptés à la situation de notre pays et éminemment dangereux pour notre modèle social" des prétendants de droite à la course à l'Elysée.

Dans son viseur : Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, favoris de la primaire de novembre dont la campagne prend de l'ampleur. Dans le baromètre mensuel TNS Sofres-One point pour Le Figaro Magazine publié jeudi, l'ex-président grimpe de 17 points, et détrône le maire de Bordeaux, qui en perd 14, auprès des sympathisants des Républicains.

A Bruxelles mardi et mercredi, François Hollande avait ciblé la vision européenne de la présidente du Front national, Marine Le Pen, que les instituts de sondages annoncent au second tour de la présidentielle en 2017 à son détriment.

Le référendum prôné par le Front national sur l'appartenance à l'Union européenne risque de se retourner contre Marine Le Pen si les conséquences économiques du Brexit sont négatives, comme les premiers jours le laissent présager.

Pour François Hollande, le temps du mea culpa sur la sous-estimation de la crise en début de quinquennat, esquissé en mai dans un discours devant la Fondation Jean-Jaurès, a donc vécu.

En promettant deux milliards de baisse d'impôts pour les classes moyennes, électorat déçu à reconquérir pour 2017, le président montre que la séquence "bilan" déclinée depuis avril touche à sa fin.

Son interview du 14 juillet, la dernière de son quinquennat, devrait marquer l'entrée dans une nouvelle ère, celle du président-presque-candidat.

(Avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)